Lucie Gosselin, une habitante de Boves, se bat depuis deux ans contre un cancer du sein rare et agressif. Elle a mis en ligne une cagnotte pour l'aider à payer les traitements proposés en Allemagne.
En septembre 2019, Lucie Gosselin, 31 ans à l'époque, remarque une boule sur un sein. Après une mammographie, le verdict tombe. Il s'agit d'une tumeur de 26 millimètres. La tumeur retirée, les séances de chimiothérapie et de radiothérapie s'enchaînent à la clinique de l'Europe à Amiens.
Mais un an plus tard, une métastase musculaire s'est propagée au poumon : "Après la chimiothérapie, je croyais que les métastases avaient réduit. Mais il y a trois mois, j'ai appris que le nodule pulmonaire était toujours là et que d'autres métastases s'étaient installées", explique Lucie.
Un type de cancer très agressif
Lucie souffre d'un cancer du sein triple négatif métastasique, un type de cancer très agressif. Pour le soigner, il est nécessaire de passer par des traitements ciblés.
Mais en France, les progrès sont encore trop lents selon Claude-Paul Malvy, chercheur en oncologie à la retraite à l'hôpital Gustave Roussy à Paris : "Il existe des progrès récents qui commencent à se développer en France avec une molécule de chimiothérapie ciblée. L'autre solution, c'est l'immunothérapie. Les oncologues ont le droit de prescrire ce traitement mais il n'a pas encore d'autorisation de mise sur le marché. Et nombreux sont les praticiens qui ignorent l'existence de ce traitement".
Un traitement possible mais coûteux en Allemagne
En Allemagne, en revanche, une clinique privée, proche de la frontière française, pratique des traitements ciblés sur ce cancer depuis 2014.
"Le traitement coûte plus de 150 000 euros pour l'année. Ce n'est pas un traitement miracle, mais de nombreuses femmes françaises ont essayé et certaines sont en rémission, confie Lucie. C'est un grand espoir pour moi. Surtout quand je sais que mon espoir de survie sans ça est de quelques mois".
Plus de 10 000 euros déjà récoltés
Pour financer le traitement, elle a décidé de créer un site internet Voir grandir mes enfants pour mettre en ligne une cagnotte. "Dès que j'ai su que j'avais de nouvelles métastases, j'ai pris contact avec les oncologues allemands de la clinique Hallwang, à Dornstetten. J'attends maintenant qu'ils me contactent. J'ai déjà recueilli 10 000 euros [ndlr : depuis l'interview la cagnotte a dépassé les 13 000 euros]. Mais il m'en faut beaucoup plus pour espérer être sauvée. Environ 50 000 euros pour le premier mois. Les traitements sont très lourds.", explique Lucie.
Les cancers du sein dits « triple négatifs » constituent un groupe de tumeurs caractérisées par l'absence de récepteurs aux œstrogènes (RE-), ni à la progestérone (RP-), ni à la protéine (HER2-), d'où le terme triple négatif. Cela concerne environ 15 % des cancers du sein.
Un groupe Facebook pour réunir les malades
Claude-Paul Malvy, qui s'intéresse toujours aux recherches sur le cancer du sein, s'est justement spécialisé dans le cancer triple négatif, rare mais très agressif. Il est en contact avec de nombreuses patientes par l'intermédiaire du groupe Facebook Les triplettes, créé par des malades.
Un lieu d'information virtuelle mais aussi de soutien. "J'ai adhéré à ce groupe parce qu'il faut parler de ce cancer. Ce collectif milite pour que les traitements arrivent en France. On est nombreuses à se tourner vers l'Allemagne", explique Lucie.
Grâce à l'aide des contributeurs, Lucie espère pouvoir continuer à élever ses trois enfants âgés de 9, 8 et 3 ans.