À Anizy-le-Grand dans l'Aisne, les deux grandes surfaces brûlent et la vie des habitants se complique sérieusement

Dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 décembre, le dernier supermarché d'Anizy-le-Grand, bourg rural entre Laon et Soissons, a été ravagé par le feu. En juillet déjà, l'autre grande surface du secteur avait brûlé elle aussi. Pour 8 000 habitants, faire ses courses ou son plein de carburant est devenu difficile.

À l'annonce de la nouvelle, les habitants du secteur d'Anizy-le-Grand ont vite compris l'impact sur leur quotidien de l'incendie du magasin Intermarché dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 décembre. Avec lui, la dernière grande surface du secteur disparaissait.

L'enseigne incarnait le supermarché de proximité par excellence depuis 30 ans dans ce bourg-centre rural situé entre Laon et Soissons. Pour son responsable, Philippe Hublin : "Les conséquences sont simples. C'est une perte d'activité pour le magasin qui va probablement durer un certain temps vu l'ampleur des dégâts et puis c'est un chômage technique pour nos salariés".  Si les causes de l'incendie ne sont pas encore connues (l'enquête de gendarmerie se poursuit), il est devenu impossible pour les 28 employés d'accueillir les clients.

Plus d'alternative

Le problème dépasse le seul magasin. Le supermarché était le dernier dans le secteur (si l'on excepte un discount implanté à Pinon). Il en existait un autre jusqu'en juillet dernier, date à laquelle celui-ci a également brûlé entièrement. Un incendie vraisemblablement criminel. Intermarché avait alors pu prendre le relais. "Il y a clairement eu un transfert de clientèle lors de l'incendie qui a eu lieu au mois de juillet. Vu les coûts de l'énergie, les gens font attention pour se déplacer, alors le commerce local en bénéficie", raconte le responsable d'Intermarché, mais cette fois, il n'y a plus d'alternative.

Un coup dur pour les habitants de ce bassin de vie estimé entre 7 000 et 8 000 habitants vivant dans un périmètre de 10 à 15 kilomètres. Si des achats "de dépannage" sont encore possibles, faire ses courses hebdomadaires ou le plein de son véhicule est devenu compliqué (les stations-services attachées aux magasins ne peuvent plus fonctionner). La situation conduit les habitants à se tourner vers la municipalité raconte le maire d'Anizy-le-Grand, Ambroise Centonze-Sandras : "Pas mal de gens appellent en mairie. Ils sont inquiets notamment pour mettre de l'essence".

Dans les rues de la commune, les habitants confirment :"On n'a plus de station avant Laon, Braine ou Soissons. C'est vraiment gênant", explique une habitante. "Avant, c'était 10 minutes de route. Maintenant on est obligés de faire 30 minutes donc c'est un peu plus compliqué. J'espère qu'ils vont trouver une solution", confie une jeune femme. Il y a aussi cette dame âgée qui doit s'occuper de son époux malade et ne peut s'absenter longtemps pour aller faire des courses. "Maintenant pour avoir du gaz ou autre, il faut aller à Laon ou Soissons, donc ce n'est pas tout près". Il y a encore ce couple de jeunes parents sans moyen de locomotion qui explique devoir prendre le train pour aller faire des courses.

Une population fragile

La municipalité se devait donc de s'emparer du sujet. "On parle de 20 à 25 minutes de route, on parle de plus de 20 km. Donc c'est une vraie problématique. Ce n'est pas notre compétence directe, mais nous allons intervenir sous le prisme du soutien à la population et du bien-vivre. Il faut que nous soyons réactifs à ce niveau-là", estime le maire.

Cette situation inattendue touche en particulier les plus fragiles. Rien qu'à Anizy, 450 personnes sont bénéficiaires du C.C.A.S. "On ne parle pas que des personnes âgées, que des personnes souffrant de problèmes physiques, il y a aussi une histoire financière. Nous sommes quand même dans une région relativement meurtrie. Les habitants connaissent déjà de grandes difficultés pour joindre les deux bouts tous les mois si on doit leur rajouter en plus une heure de trajet pour pouvoir se réapprovisionner, je crois qu'on va vraiment connaître de gros ennuis", analyse Ambroise Centonze-Sandras.

Réunion de crise

Alors dès le début de la semaine, une réunion de crise s'est tenue sur le sujet en lien avec les responsables d'Intermarché. La réflexion a rapidement débouché sur des alternatives concrètes. Dès la semaine prochaine, un drive provisoire va être créé dans une salle communale afin de permettre aux habitants de se faire livrer des courses en lien avec un supermarché de Laon. Et pour aider ceux qui ne sont pas familiers de ce fonctionnement : "nous mettrons notre conseiller numérique à disposition et un service de transport sera proposé en collaboration avec l'intercommunalité qui met un véhicule à disposition. Nous on a le chauffeur", précise le maire d'Anizy-le-Grand.

D'autres possibilités sont également prévues comme un transport à la demande pour emmener les plus fragiles au drive éphémère ou à Laon. Le maire salue l'implication de la direction du supermarché. "Nous nous sommes retrouvés assez vite. Nous avons affaire à une équipe qui a envie d'avancer dans le même sens que nous. Nous retiendrons la solidarité mise en place rapidement, même si cela reste douloureux". 

En cette fin de semaine, une autre bonne nouvelle est arrivée. Alors que la remise en service de la station-service du magasin incendié semblait complexe et lointaine, celle-ci a finalement pu intervenir dès maintenant en lien avec Enedis. De quoi permettre au secteur de respirer un peu juste avant les fêtes de fin d'année en attendant la reconstruction de ses deux grandes surfaces. Elle ne pourra être effective avant 6 mois à 1 an.

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