Depuis deux ans, l’association "Mémoire et patrimoine chaunois" multiplie les actions pour tenter de sauvegarder le presbytère. "Cette bâtisse est le seul témoignage du passé de Chauny" affirme un historien local. Mais la municipalité envisage sa démolition pour en faire un parc.
Dans quelques mois, un nouveau parc devrait voir le jour à Chauny. C’est en tous cas, ce qui est écrit sur le panneau de …démolition. C’est là que le bât blesse. Aussi séduisant puisse-t-il paraître, ce projet ne fait pas l’unanimité. Car pour le réaliser, il faut démolir l’ancien presbytère datant du XVIIIe siècle.
L’association Mémoire et patrimoine chaunois ne l’entend pas de cette oreille. Elle se bat depuis deux ans pour sauvegarder la bâtisse.
"Cette bâtisse est le seul témoignage du passé de Chauny, affirme Bernard Vinot, historien local. La preuve de son ancienneté, c’est que nous avons aux archives un acte de mutation daté de 1776. À mon sens, elle a été bâtie juste après qu’on a décidé d’abattre les murailles de la ville. Autre intérêt historique : c’est le seul bâtiment qui n’a pas été détruit par les Allemands. Ils ont fait sauter toute la ville sauf le presbytère".
Travaux ou démolition ?
Tout un symbole que les amoureux des vieilles pierres et du patrimoine veulent mettre en lumière, même s’ils reconnaissent la fragilité du bâtiment. Argument avec lequel Emmanuel Liévin, maire de Chauny, justifie sa décision de le démolir : "C’est une décision mûrement réfléchie. J’avais dit aux représentants du collectif défendant le maintien de cet ancien presbytère que ma volonté était de le conserver à condition que son état le permette. Or, dans le rapport remis par le bureau d’études, il est mentionné que le bâtiment est non fonctionnel. Il fallait alors se rendre à l’évidence", rapporte le premier magistrat à l’Aisne Nouvelle.
Une étude remise en cause par le collectif qui aurait souhaité un deuxième avis. "On ne nous a jamais autorisés même à visiter le bâtiment. On n’a donc même pas pu faire appel à des experts".
Pour autant, si l’association reconnait la fragilité de la bâtisse, elle est convaincue que des travaux de rénovation ne devraient pas être un frein à sa sauvegarde.
"On ne peut pas dire que la bâtisse soit en mauvais état, affirme Karine Bernard, présidente de l’association. Elle est toujours debout et on a un couple qui était même prêt à financer la réfection de la toiture".
Haut lieu de culture ou parc ?
Un investissement d’autant plus légitime selon le collectif que cette restauration donnerait une nouvelle utilité au presbytère.
"Au rez-de-chaussée, on pourrait faire une grande salle d’exposition où on pourrait y présenter l’histoire de la ville, imagine Bernard Vinot, y compris dans ses aspects artistiques. Tous les artistes locaux pourraient y trouver une place. Et à l’étage, on pourrait peut-être concentrer toutes les archives de la ville qui sont dispersées un peu partout. L’accès ne serait que pour le personnel".
Convaincu du bien-fondé de son combat, l’association "Mémoire et patrimoine Chaunois promet d’autres actions et rappelle que la pétition mise en ligne en 2019, court toujours. "C’est une histoire de respect de devoir et de transmission".