Guillaume Wabont, élu de Beaurevoir dans l'Aisne avait promis lors de son élection en 2020 de redistribuer aux associations de la commune l’indemnité d’adjoint au maire. Pour Julien Dive, le député de l'Aisne, les parlementaires font aussi des efforts.
A 29 ans, Guillaume Wabont est adjoint au maire de Beaurevoir, dans l'Aisne. Il touche pour ça une indemnité de 300 euros par mois.
"Je n'ai pas besoin de cette somme pour vivre car je gagne correctement ma vie, précise le jeune pharmacien hospitalier, qui partage son travail entre l'hôpital de Valenciennes et une clinique de Saint-Omer. Les 300 euros que je perçois tous les mois sont plus utiles aux associations de mon village, d'autant plus que certaines souffrent de difficultés financières depuis le début de la crise sanitaire."
La commune de 1 433 habitants, située à mi-chemin entre Saint-Quentin et Cambrai, compte 14 associations. En 2020, la municipalité a distribué 15 900 euros de subventions. La société de chasse a ainsi perçu 650 euros, les coopératives scolaires ont obtenu 3 000 euros pour l'école primaire et 1 500 pour la maternelle, et le club de foot a touché 5 000 euros. Mais aussi l'amicale des sapeurs-pompiers, les anciens combattants, une chorale, des clubs d'animation pour les enfants ou le troisième âge, une salle de musculation ou encore les donneurs de sang.
Des dons salvateurs pour les associations
Guillaume Wabont, élu en mars dernier sur la liste menée par son père Christian, avait alors choisi de reverser ses indemnités à l'association "Fête et Tradition", pour l'organisation du village des fêtes Jeanne d'Arc qui se sont tenues cet été.
Cette année, il a décidé de partager ses 3 600 euros annuels entre toutes les associations de la commune, en fonction de leurs besoins. L'adjoint à la santé, à la communication et au développement durable de Beaurevoir, connait les difficultés des associations en partie liées à la crise sanitaire. "L'association "Les p'tits plaisirs" qui organise des animations pour les enfants est, comme beaucoup d'associations, à l'arrêt du fait de la pandémie. Cependant, ses frais de tenue de compte sont maintenus (120 euros annuels), et son assurance multirisques doit continuer d'être payée (120 euros annuels également). Les bénéfices étant reversés annuellement aux écoles pour la réalisation des projets, l'association n'a pas une avance de trésorerie très importante, et est dans une situation délicate depuis l'an dernier. l'aide de la commune et mon don sont essentiels pour leur survie."
"Si un élu a les moyens de le faire, c'est très bien"
L'élu avait pris l'engagement de donner son indemnité dés son élection au conseil municipal, en mai 2020. "Quand je vois les indemnités, les avantages des maires de grandes villes ou de parlementaires payés dix fois plus qu'un maire rural, je me dis qu'il faut diminuer leur train de vie car ils sont payés par le contribuable. Je trouve leurs avantages disproportionnés. Et il faudrait aussi rémunérer décemment les élus ruraux, qui passent beaucoup de temps au service de la collectivité."
Loin de vouloir rentrer dans une petite polémique entre élus locaux et parlementaires, Julien Dive, le député (LR) de la circonscription, considère que "si un élu a les moyens de le faire, c'est très bien, mais tous n'en ont pas la possibilité matérielle."
Certains élus doivent en effet se mettre en disponibilité dans leur activité professionnelle afin d'exercer leur mandat d'élu, national ou local. Le père de Guillaume Wabont, par exemple, a mis entre parenthèse sont métier dans la broderie de luxe pour se consacrer à son mandat de maire. Il perçoit 1589 euros nets d'indemnité mensuelle. "Ce sont mes seuls revenus", précise-t-il.
A titre de comparaison, un député touche une indemnité de base de 5 623 euros bruts. Julien Dive indique qu'il reverse lui aussi une partie de ses indemnités à des associations. "La semaine dernière, j'ai fait un chèque à "Alcool assistance", une association de Saint-Quentin qui lutte contre les addictions à l'alcool. Je m'étais engagé en 2017 à donner une partie de mon indemnité parlementaire aux association de ma circonscription." Il s'était également engagé à rendre public le nom des associations bénéficiaires et la somme allouée.
Ancien maire d'Itancourt, devenu député en 2017, il avait par ailleurs supprimé son indemnité de maire (1 300 euros mensuels), "pour ne pas cumuler avec celle de député". Redevenu conseiller municipal de sa commune, il se rappelle de la polémique nationale autour de la réserve parlementaire, une enveloppe qui permettait aux députés et sénateurs de financer des associations, supprimée en 2017. "J'avais 110 000 euros à distribuer tous les ans dans ma circonscription, qui compte une centaine de communes. Si on fait le compte, c'est assez peu par commune et par association. Il y a eu un gros fantasme autour de cette enveloppe, mais c'était très règlementé, on ne pouvait pas faire n'importe quoi avec cette somme. Nous avions des comptes à rendre."
Récemment, Julien Dive a refusé une augmentation de 15% de la dotation matérielle des députés (la somme qui leur est attribuée pour leurs frais comme les factures de téléphonie ou les taxis). "Chacun est appelé à faire des efforts et je ne shouaite pas que ces 15% supplémentaires soient attribués dans mon enveloppe de dotation", écrivait-il aux questeurs de l'Assemblée nationale en janvier dernier.
Des milliers d'associations traversent une crise de financement sans précédent, et 2021 ne sera probablement pas propice à l'augmentation des subventions. Beaucoup d'entre elle sont en sursis et ne peuvent compter que sur les collectvités, les élus et les dons des particuliers. A son niveau d'adjoint au maire de commune rurale, Guillaume Wabont participe à cette solidarité.