Dans l'Aisne, un maire se bat depuis dix ans contre l'exode rural que subit son village

Au fil du temps, certains villages se dépeuplent et ne revoient jamais les familles revenir. C'est un défi permanent pour ces petites communes, et depuis dix ans, celui de Serge Mangin, maire de Liez dans l'Aisne. Enquête. 

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Liez, dans l’Aisne, 420 habitants au compteur au dernier recensement et un maire qui a décidé de redonner à la petite commune un nouveau souffle. Serge Mangin, sans étiquette politique, occupe son siège depuis 2008 et, depuis, n’a cessé de porter un projet unique pour ses administrés : faire revenir sur son territoire des familles plus jeunes. Ici, un quart des habitants a plus de 65 ans contre 17,7% en France. Seuls douze enfants peuplent le village, l’école a fermé et ne rouvrira qu’à la condition qu’elle ait inscrit 30 élèves. 
 

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Une offre de logements étoffée

Mécaniquement, en augmentant l’offre de logements le maire croit dur comme fer densifier les rangs de sa commune. “Si nous perdons des habitants, le village s’éteindra tout doucement”, constate Serge Mangin, la voix cassée par la fatigue de vouloir résoudre une équation vieille d’une décennie au moins. Depuis 1990, le village a perdu 92 habitants, près de 20% de sa population. Pourtant, cette année, l’espoir renaît grâce au projet de réhabilitation de la ferme du Colombier, après trente ans d’abandon. Le maire, fils d’un ancien employé de la ferme, y voit déjà les vingt logements occupés par des locataires dynamisant la vie du village.

“Le permis de construire a été accordé il y a à peu près 6 mois et on a hâte de voir cette vie autour du chantier ! Et pourquoi pas de nouveaux objectifs dans notre village”, précise celui qui conçoit son mandat comme un sacerdoce. Il précise :

“On est élu pour essayer de faire progresser les communes !”

Un peu plus loin, rue du Moulinet, un terrain où une trentaine de maisons pourrait sortir de terre après la signature du Plan local d’urbanisme (PLU) en 2014.
Cette fois-ci, c’est un projet porté par la commune pour des parcelles de 700 à 900 mètres carrés : “Notre village est en fin de cycle, et il se renouvelle doucement (...) les logements ne restent pas longtemps vides.”

Des conséquences en cascade

Les logements libres après un décès ne le restent pas, “maintenant il faut une activité économique qui reprenne”, abonde le maire qui compte beaucoup sur “les couples avec jeunes enfants”. Le village, à 17 kilomètres de Saint-Quentin, manque d’emploi à donner à ces familles. Pour attirer les habitants,

“il faut avoir des projets et un contexte économique favorable et quand il y a une petite reprise, les gens reviennent en zone rurale.”

Serge Mangin ne croit pas si bien dire : depuis le début des années 1980, le phénomène de retour des villes vers les campagnes décrit par le géographe Michel Chevalier prend de l’ampleur. Alors même que l’exode agricole continue. En 2003, IPSOS réalise une grande enquête pour déterminer le poids du phénomène. Selon l’institut, “les maires des communes rurales reconnaissent la réalité du phénomène des installations durables de citadins à la campagne. Loin d'être un phénomène de mode, 77% considèrent qu'il s'agit là d'un véritable fait de société et, au cours des cinq dernières années 84% ont été concrètement approchés par des citadins susceptibles de venir s'installer sur leur commune : principalement (75%) par des personnes allant travailler dans une ville proche et venues rechercher un logement dans la commune”.
 

Parmi eux, 81% déclarent être venus dans leur commune d’habitat par choix personnel, “ceci tend à démontrer l’intérêt qu’il y a pour les communes en recherche d’habitants à recenser et faire connaître les possibilités d’emplois salariés existants”. Le maire de Liez en est bien conscient. “Si on a pas d’emploi, les jeunes vont s’en aller”, assène-t-il. Certains s'y sont installés et peuvent y travailler. C'est le cas de Guy Louvion, photographe animalier qui habite le coin depuis 35 ans : "On a aussi la chance d'avoir un environnement pas très loin, qui, pour des gens comme nous, sont encore abordables. (...) Et l'avantage de la campagne, c'est la nature !", précise celui qui a pu concrétiser sa passion grâce à l'environnement dans lequel il vit. 

D'autant qu'à Liez, la fibre arrive au village pour la fin août, de quoi attirer de nouveaux habitants connectés. Et parfois, des leviers financiers sont activés, comme en pays de Serre où la communauté de commune offre 5000 euros aux familles qui s’installent dans le secteur. Un bon moyen de compléter le pack d'installation. 
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