"C'est dur, mais c'est super plaisant" : des travailleurs en situation de handicap participent à leurs premières vendanges

À Domptin, dans l'Aisne, une dizaine de personnes en situation de handicap, travailleurs en ESAT, font les vendanges d'un vignoble de Champagne aux côtés des vendangeurs habituels. Une première pour eux et pour ce viticulteur.

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Jérémy Payeur s'applique. Enlever délicatement les feuilles, couper les grappes au bon endroit sans abîmer les précieux fruits… les gestes sont méticuleux et inhabituels pour ce travailleur en situation de handicap. Dans cette parcelle d'un vignoble de Champagne, à Domptin (Aisne), il se réjouit de participer à sa première vendange. 

"J'ai voulu m'insérer dans le monde ordinaire"

"J'ai décidé de me lancer dans une activité qui permet de prendre l'air et de découvrir [un nouveau métier, ndlr] surtout. Pour moi, c'est la première fois. C'est calme, il y a plus d'ambiance, on parle avec les voisins et les camarades", observe Jérémy Payeur, travailleur en ESAT, qui s'occupe d'habitude d'espaces verts.

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Jérémy Payeur, travailleur en ESAT, participe pour la première fois aux vendanges dans ce vignoble de Domptin (Aisne) ce mardi 17 septembre 2024. ©FTV

Depuis lundi 16 septembre 2024, et ce, pendant quatre jours, onze travailleurs porteurs de handicaps mentaux vendangent ici avec leurs encadrants, mêlés à d’autres salariés, plus habitués à l'exercice.

"Ça se passe super bien, c'est super kiffant ! C'est physique aussi", note Anaïs Barek, 23 ans et travailleuse en ESAT. "À la base, je suis dans le conditionnement de thé et j'ai voulu tester autre chose et m'insérer dans le monde ordinaire", explique la jeune femme. 

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Anaïs Barek, 23 ans et travailleuse en ESAT, participe pour la première fois aux vendanges dans ce vignoble de Domptin (Aisne) ce mardi 17 septembre 2024. ©FTV

Si elle relève le défi haut la main, la vendangeuse reconnaît parfois ressentir "un peu de pression". "On voit qu'il y a des personnes plus rapides, donc on a parfois l'impression d'être un peu longs pour eux, d'être un boulet, mais sinon ils ne font pas de différence, ils nous traitent de façon lambda et c'est super. Il y a aussi un esprit d'équipe et on apprend à se connaître", se réjouit Anaïs Barek. 

"Le fait d'être en groupe a beaucoup de bienfaits"

La venue du groupe a été préparée pendant deux ans par leur ESAT de Villeneuve-d'Ascq (Nord). Pour l’encadrement, l'intérêt du projet dépasse le seul travail de vendanges. "La plupart sont soit tout seul chez eux, soit avec leurs parents. Le fait d'être en groupe a beaucoup de bienfaits. Il y a aussi tout le travail autour, la vie quotidienne, l'hygiène, les activités qu'ils ne sont pas forcément habitués à faire chez eux", souligne Vincent Petit, éducateur sportif à l'ESAT "Le recueil". 

Pour le viticulteur, le coût de cette main d’œuvre est le même, mais le rythme de travail est plus lent. S’il l’accepte, c’est par conviction. "La vendange est un moment très court. On ne peut le faire que sur un temps assez réduit en raison de toutes les conditions climatiques qui peuvent aggraver très rapidement l'état sanitaire du raisin, donc c'est un risque, mais j'ai toujours aimé relever des défis", détaille Romain Kulhaneck, viticulteur. 

Sa motivation première est "l'inclusion de ces personnes dans tous les milieux" et il se réjouit de cette première expérience. "Ça se passe plutôt très bien. C'est selon le rythme de chacun. Certains vont plus vite, tout le monde n'a pas les mêmes capacités, mais je le savais à l'avance", ajoute le viticulteur.

"Hier, il y avait beaucoup de fatigue, à 20h tout le monde était couché, mais avec le sourire. Aujourd'hui, on voit qu'ils ont pris de bonnes habitudes", observe Vincent Petit qui reste attentif au niveau de fatigabilité et au rythme de travail de chacun. Pour Jérémy, Anaïs et leurs collègues, ces vendanges se terminent déjà en fin de semaine. "C'est dur, mais c'est super plaisant. L'année prochaine, si on me propose de retourner aux vendanges, je dis oui !", lance Anaïs, sécateur à la main.

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