Du vin pétillant fabriqué dans la Somme. Ce n'est pas du champagne, mais du mousseux. C'est l'idée qu'a eu un agriculteur près d'Ailly-sur-Noye en 2019. Six ans plus tard, ça y est, les premières bouteilles sont en train d'être commercialisées.
Des vignes, au pays de la betterave et de la pomme de terre : c'est le pari que s'est lancé Martin Ebersbach en 2019. Voulant diversifier la production familiale, il choisit donc le vin, idéal sur les terres des grands-parents de Martin : un coteau calcaire comme dans les régions de la Champagne.
Ses vignes sont composées de cépages de Chardonnay et de Pinot Noir. Dans la bouteille, on retrouve un blanc effervescent en méthode champenoise.
Une affaire familiale
Avec l'aide de son grand-père, Jean, ces vignes sont une histoire de famille. "J'ai un beau-frère qui est œnologue et vigneron et ma sœur est aussi conseillère en viticulture dans le Vaucluse", raconte Jean.
La mère de Martin cultive des céréales et des betteraves dans la ferme familiale. C'est donc tout naturellement que les parents du jeune viticulteur lui ont cédé une part de terrain pour y créer des vignes. Pour s'installer en restant sur des petites surfaces, il développe peu à peu la vigne, qui deviendra, à l'avenir, l'activité principale.
"Quand il a eu ce projet, il nous a inquiété, confie Jean, parce que faire de la vigne dans la Somme... ce n'est pas évident, indique son grand-père. Mais il a bien été conseillé par sa tante Édith et mon beau-frère. (...) L'investissement est énorme. On a commencé à planter en 2019 et là, c'est la première vente. Depuis ce temps-là, ça fait beaucoup de frais en matériel et en personnel. Mais l'avantage, c'est que Martin est bricoleur", abonde-t-il.
Après 6 ans d'attente...
Dans le vin, tout est question de patience et pour cause, Martin aura dû attendre près de 6 ans pour sa première bonne vendange. Il a dû créer les plans de sa cave et planter ses vignes au fil des années.
Aujourd'hui, le viticulteur peut enfin procéder au dégorgement de ses bouteilles de pétillant. Il ne reste plus qu'à mettre la liqueur d'expédition, pour faire la différence entre le vin extra-brut, du brut et du demi-sec. Le choix de Martin s'est porté vers le brut, en l'occurrence avec pas plus de 6 g à 12 g de sucres par litre.
S'il compte poursuivre la culture des céréales et de betteraves, le trentenaire assume son choix de diversification. "C'est satisfaisant. Aujourd'hui, on a enfin les résultats. Ça fait un mois qu'on commercialise et c'est gratifiant d'avoir des retours positifs et d'avoir des clients qui aiment bien ce qu'on fait. (...) Comme on vise toujours la meilleure qualité possible, on est toujours inquiets de ce qu'on fait. Mais la fierté vient après. (...) C'est un aboutissement du projet."
Un pari gagnant
Un aboutissement pour le viticulteur samarien. En cette première année, après un "test" de lancement de ses premières bouteilles lors de son propre mariage qui a eu lieu en juin, 12 000 bouteilles de mousseux vont être produites en 2024.
Les proches de Martin, assez sceptiques au début du projet, semblent aujourd'hui séduits. "Oui, on est satisfait, assure Jean, son grand-père. C'est ce qu'on disait : 's'il sort de la piquette, il restera avec'. Mais là, c'est un produit qui plaît à tout le monde. On n'a eu aucun mauvais retour pour l'instant."
Maintenant, pour Martin, l'heure est à la commercialisation des premières bouteilles et à la reprise de l'exploitation familiale.
Avec Mary Sohier / FTV