Une cinquantaine d'agriculteurs est devenue viticulteurs dans les Hauts-de-France, ces dernières années. Deux jeunes viticulteurs d'Olhain dans le Pas-de-Calais vont faire leurs premières vendanges en octobre, trois ans après avoir planté leurs vignes, il faudra un peu patienter avant de le boire.
Seule dans ses vignes, Lauriane Carbonnaux veille au grain. À quelques semaines de la récolte, il faut s’assurer que le raisin se porte bien, vérifier qu'il n'y a pas de maladie comme l'oïdium ou le mildiou et, encore un peu de patience, donc pour cette parcelle de Chardonnay plantée il y a 3 ans.
Un hectare et demi entre betteraves et pommes de terre au cœur du Pas de Calais… L’aboutissement d’un rêve : "On a tout fait pour avoir un raisin comme on le veut, impeccable. Après c'est dame nature qui décide. Actuellement nous sommes dans un bon stress".
Il y a des vignes en Belgique et en Angleterre depuis bien longtemps et qui font des vins assez sympathiques.
Lauriane Carbonnaux, viticultrice
"Le terroir s'y prête"
Car l’objectif de Lauriane et son mari Paul-Adrien, c’est bien de produire leur propre vin. Une folie pour certains, un choix raisonné pour ce couple d’agriculteurs. Depuis 2016 et la création des Hauts-de-France, il est désormais possible de planter des vignes en Nord-Pas-de-Calais…
Et parce que la terre et le climat le permettent aussi : "Il y a des vignes en Belgique et en Angleterre depuis bien longtemps et qui font des vins assez sympathiques. On se dit pourquoi pas alors que nous ne sommes pas beaucoup plus hauts que la Champagne ou d'autres régions viticoles. Et on n'est pas les seuls", estime Lauriane. "Et le terroir s'y prête, on est orientés plein sud alors pourquoi pas ?", approuve Paul-Adrien
Après les vendanges, mi-octobre, le vin devra vieillir une année avant de pouvoir être goûté. De quoi laisser aux nouvelles vignes le temps de pousser et de s’exprimer.
Oui, je crois en cette production de Chardonnay dans le Pas-de-Calais depuis 2013, date de la première récolte du terril d'Haillicourt
Eric Dugardin, sommelier
"J'y crois"
Pour Éric Dugardin, sommelier, plusieurs exemples comme celui de Lauriane et Paul-Adrien existent dans le Nord et le Pas-de-Calais. Au terril d'Haillicourt, près de Lens. À Valenciennes, à Hondschoote. "Oui, je crois en cette production de Chardonnay dans le Pas-de-Calais depuis 2013, date de la première récolte du terril d'Haillicourt (...) La particularité de la terre (à Fresnicourt-le-Dolmen) est d'être une argile gonflante qui résiste bien aux sécheresses qu'on connaît aussi dans le Nord. C'est un atout pour eux donc on croise les doigts pour que l'oïdium et le mildiou qui ont touché beaucoup de vignobles français les épargnent".
Le sommelier, par ailleurs, assure vivement croire aux cuvées du terril d'Haillicourt : "du chardonnay sur du schiste avec un terril dont le cœur est incandescent. Ici (à Holhain), il y a l'exposition, l'inclinaison du terrain pour faire mûrir le raisin et évacuer l'eau".
L'expert confie : "Le Kent et la Belgique ne nous ont pas attendus. Si on va du côté du Mont noir, Mont rouge, il y a de très jolis vignobles avec 700 hectares. Alors pourquoi pas en Nord Pas-de-Calais".