Alors que les vendanges approchent en Champagne, le recrutement bat son plein. Certains tentent l'humour pour se distinguer parmi les nombreuses offres d'emploi, comme cette viticultrice de la Marne qui a choisi le thème des Jeux olympiques.
Alors que les vendanges approchent, le recrutement de ceux qui viendront ramasser les grappes de raisins dans les rangs des vignes champenoises bat son plein. Contrairement à d'autres vignobles, ici pas de machines pour vendanger, tout est fait à la main. Environ 120 000 vendangeurs sont mobilisés sur la période, ce qui représente autour de 4 personnes par hectare en moyenne.
Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés pour partager des offres d'emploi. Sur des groupes Facebook, propositions et demandes s'accumulent. Floriane Bourgoin, qui a repris en 2021 avec son conjoint l'exploitation du domaine familial Le Beurillon à Spoy (Marne), fait partie de ceux qui recherchent des bras pour le mois de septembre et qui passent par Internet pour les trouver.
"J'ai partagé sur beaucoup de sites d'annonces. Maintenant, il n'y a que comme ça qu'on arrive à recruter, en passant par les groupes Facebook", nous explique-t-elle ce 5 septembre. Mais pour sortir du lot, Floriane Bourgoin a choisi de faire appel à l'humour.
"Prêts pour le marathon du raisin ? […] Si vous vouez sentez l'âme d'un champion et aimez relever des défis, nous avons besoin de vous", clame ainsi son annonce qui s'approprie le thème des Jeux olympiques. Le tout accompagné de visuels réalisés grâce à une intelligence artificielle.
"Une note d'humour"
On peut ainsi admirer sur une des images une grappe de raisin avec de grands yeux et un large sourire, qui n'a (presque) rien à envier aux Phryges, les mascottes des Jeux olympiques. L'annonce est complétée par une autre image qui transforme les vendangeurs en athlètes olympiques, médaille autour du cou.
"On essaye tous les ans de faire une annonce avec une note d'humour. On avait déjà fait 'Adopte un vendangeur' avec le logo qui imitait 'Adopte un mec' [un site de rencontres]", détaille Floriane Bourgoin. "Cette année, le thème des JO était bien présent pour tout le monde. Donc on a réutilisé l'idée."
Cette approche originale lui permet donc de se distinguer, même si elle pense qu'elle trouverait tout de même la main-d’œuvre dont elle a besoin sans cela. "Ça se ferait quand même, mais c'est quand même mieux avec le sourire"
Dans ses parcelles, les vendanges pourraient débuter autour du 16 ou du 17 septembre, "pas avant". Des prélèvements ont été faits dans les vignes ce jeudi matin pour vérifier la maturité des raisins.
Mais une chose est déjà certaine, la quantité ne sera pas là. "C'est une année particulière. On a gelé à 100 %. Après, avec la pluie, le manque de chaleur, les vignes ont eu du mal à redémarrer. Donc ce n'est pas une année avec une très grosse récolte", précise la viticultrice. "L'année dernière, c'était un plant [de vigne], un seau [de raisin]. Cette année, il va falloir une paire de plants pour faire un seau."
Des vendanges 2023 marquées par plusieurs drames en Champagne
Au-delà de cette manière originale de communiquer, les conditions de travail et la rémunération restent évidemment centrales. Le domaine a fixé pour cette année une rémunération à un niveau plus élevé que le SMIC, avec un taux horaire de 13 euros, contre 11,65 pour le SMIC.
"L'année dernière, on rémunérait un peu moins à l'heure que ça. Mais les conditions sont aussi défavorables pour les vendangeurs, rappelle Floriane Bourgoin. C'est un peu décourageant aussi de ne pas avoir la quantité de raisin qu'on prend plaisir à couper. Pour encourager aussi, on a mis un taux horaire plus important que ce qu'on peut trouver chez d'autres maisons."
Les vendanges 2023 avaient été marquées par plusieurs drames, avec la mort de quatre saisonniers en Champagne. En juin dernier, le Comité Champagne avait dévoilé un plan baptisé "Ensemble pour les vendanges en Champagne". Il vise à améliorer les conditions d’emploi des travailleurs saisonniers par quatre axes principaux : la santé et la sécurité, le recrutement, la prestation de services et l’hébergement collectif. Il restera à vérifier comment ce plan se concrétise sur le terrain.