Quatre personnes sont mortes suite à des arrêts cardiaques depuis le début des vendanges en Champagne. Un inspecteur du travail sonne l'alerte auprès de la profession. Avec les fortes chaleurs, il espère une prise de conscience des professionnels.
Les vendanges en Champagne sont endeuillées par la mort de quatre travailleurs saisonniers depuis le début du mois de septembre. Nos confrères de l'Union font état de quatre décès, la semaine dernière dans la Marne, dont un à Rilly-la-Montagne, près de Reims, et un autre à Chavot-Courcourt, à côté d’Epernay. Une quatrième personne serait morte près de Vitry-le-François, elle a été retrouvée sans vie par ses équipiers. Et était âgée d’une quarantaine d’années. Les fortes chaleurs constatées dans le secteur seraient en cause. La température a dépassé 32 degrés.
Le parquet de Châlons-en-Champagne confirme le décès de deux personnes dans son secteur de juridiction. "Deux hommes ont trouvé la mort ces derniers jours alors qu’ils étaient aux vendanges sur notre ressort. Aucune infraction n’a été relevée ni aucune autopsie ordonnée au regard des constatations médicales effectuées par les services de secours. Un autre homme a fait un malaise et se trouve hospitalisé pour le moment tandis qu’une femme est décédée à son domicile (un malaise ayant été rapporté les jours précédents pendant les vendanges)".
Les faits connus et avérés
Le 13 septembre, le parquet de Châlons nous a précisé les faits. Le décès d'un homme d'une quarantaine d'années, qui s'est effondré en arrêt cardio respiratoire dans les vignes à Vitry en perthois le 5 septembre. Un examen du corps n'a rien relevé de particulier, l'enquête a été classée sans suite.
Toujours à Vitry en Perthois le 9 septembre, un homme a été pris d'un malaise, âgé de 54ans, il est toujours hospitalisé. A Vert-Toulon, une femme de 54 ans est décédée à son domicile quelques jours après avoir fait un malaise pendant les vendanges.
Les gendarmes ont eu écho d'un malaise dans les vignes à Chavot-Courcourt (Marne), un travailleur de nationalité polonaise aurait été pris de malaise. Ni les secours, ni la police n'ont été prévenu, il aurait été emmené au CHU de Reims par des collègues, mais cette information n'est pour l'instant pas confirmée par le parquet de Reims.
Selon le parquet de Reims, il y a eu un seul décès dans le ressort du tribunal de Reims lors des vendanges à ce jour. Il s’agit d’un homme âgé de 19 ans, décédé le 8 septembre 2023 alors qu’il faisait les vendanges à Rilly –la-Montagne (Marne). Il a chuté d’un enjambeur, a été conduit à l’hôpital où il est décédé.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Reims. Une autopsie a été réalisée lundi 11 septembre. Elle ne révèle pas de traumatisme consécutif à la chute de l’enjambeur. Des analyses complémentaires sont en cours pour établir les causes du décès. Par ailleurs, les investigations se poursuivent pour déterminer les conditions de travail du défunt le jour des faits.
Réactions et alerte
Ces décès font réagir un responsable syndical au ministère du travail, le marnais Anthony Smith, qui lance un cri d'alarme. "Je réagis comme responsable syndical, en effet, on a connu une période de chaleur intense, ces activités exposent à des risques majeurs. Avec le changement climatique, il faut pouvoir arrêter l’activité. On verra ce que les enquêtes disent, mais quatre morts, c’est énorme ! Suite à des arrêts cardiaques, en une semaine, ça devrait alerter tout le monde ! C’est dramatique, c’est grave, on tombe dans les vignes. Et personne ne dit rien. J’alerte, j’ai relayé l’information, comme les organisations syndicales. On alerte depuis longtemps sur les accidents du travail, sur l’exposition à la chaleur, la situation dramatique".
Consignes en cas de fortes chaleurs
De son côté, le président du syndicat général des vignerons, Maxime Toubart, suit le dossier de près, et cherche aussi à comprendre le phénomène. "Il y a en effet quatre arrêts cardiaques mortels sur 120 000 personnes qui vendangent en Champagne. C'est trop, mais il est certain que les conditions climatiques font que c’est un risque accru et que si les gens ne boivent pas assez c’est dangereux, on leur dit de faire attention, mais parfois certains travaillent à la tâche. Je pense qu'on va rappeler l'importance de faire attention, mais les gens sont responsables. Les employeurs font ce qu'il faut et fournissent de l'eau. Il faut que les consignes passent. On voit trop de gens qui ne réalisent pas le danger. On n’en peut pas être derrière leur dos en permanence". Les fortes chaleurs ne sont pas habituelles. Jamais la Champagne n'avait connu pareille météo en septembre.
Il n'empêche, le responsable syndical Anthony Smith estime que "l’activité doit être arrêtée en cas de fortes chaleurs. Si l’employeur ne le fait pas, les inspecteurs du travail devraient être dotés de la compétence pour le faire à leur place. Il y a urgence !"