La République en Marche ne possède plus de députés dans l'Aisne : le parti présidentiel a perdu ses trois circonscriptions au profit du Rassemblement national à l'issue du second tour des législatives. Dans les deux circonscriptions restantes, Julien Dive (LR) et Jean-Louis Bricout (DVG) ont respectivement été reconduits dans le Saint-Quentinois et en Thiérache.
Dans l'Aisne, le taux de participation définitif de ce second tour des élections législatives atteint 44,63%. C'est légèrement moins qu'au premier tour (45,92%) mais plus qu'au second tour de 2017 (43,85%).
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Jean-Louis Bricout (DVG) élu en Thiérache
Député divers gauche depuis 2012, Jean-Louis Bricout est réélu dans la 3e circonscription de l'Aisne, celle de la Thiérache. Le candidat divers gauche a remporté le second tour avec 54,84% des voix exprimées, face au candidat Rassemblement national Paul-Henry Hansen-Catta (45,16%). Dans cette circonscription, l'abstention atteint 54,99%.
"C'est une grande satisfaction, réagit le député reconduit à l'annonce des résultats. C'est une reconnaissance de mon travail au quotidien sur le territoire et à l'Assemblée. Ça montre que sur notre territoire rural, les gens sont attachés aux relations humaines, à la proximité au delà des clivages politiques (...) je suis souvent avec eux, on a des souvenirs en commun."
Jean-Louis Bricout, anciennement encarté PS, était soutenu par la Nupes. Un soutien qu'il a refusé, mais qui lui a sûrement profité, puisque l'union de la gauche n'a pas présenté de candidat face à lui. Au premier tour, il n'avait pas non plus d'adversaire investi par le camp présidentiel.
Dans ce territoire très rural de Thiérache, qui comprend notamment les villes d'Hirson, Guise et Bohain-en-Vermandois et dont plus d'un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, Marine Le Pen l'avait largement emporté lors de l'élection présidentielle.
À l'issue du premier tour le 12 juin, le candidat LR Jérôme Moineuse, arrivé troisième avec 12,7% des suffrages exprimé, n'avait pas donné de consigne de vote. "Mon adversaire républicain n'a pas fait appel au front républicain [face au candidat RN, NDLR], et ça c'est dommage," regrette Jean-Louis Bricout, qui remporte la circonscription à moins de 3 000 voix d'écart sur près 30 000 votants.
Le RN conquiert la circonscription de Soissons
Le Rassemblement national a cependant réussi à battre un député sortant dans l'Aisne. José Beaurain a remporté haut la main, avec 57%, la 4e circonscription du département, incluant notamment Soissons, Tergnier et Chauny. Marc Delatte, élu sortant de la majorité présidentielle, est battu avec 42,85 %. L'abstention atteint 57,69% dans cette circonscription au second tour.
Marc Delatte était passé tout près de l'élimination dès le premier tour, ne devançant le candidat communiste Aurélien Gall, investi par la Nupes, que de 171 bulletins. Le Rassemblement national avait réalisé son meilleur score du département dans la 4e circonscription : José Beaurain avait recueilli 35,72% des suffrages au premier tour.
La Champagne picarde au RN
Il s'agissait du seul duel entre le Rassemblement national entre Nupes du département, engendré par la division du camp présidentiel, dont deux candidats se réclamaient au premier tour. Arrivé en tête avec une large avance (35,22%) au premier tour face à l'insoumis Stéphane Frère (18,9%), le candidat d'extrême droite Jocelyn Dessigny conquiert avec 62,41% la 5e circonscription de l'Aisne, soit celle du sud du département incluant Château-Thierry et Villers-Cotterêts. La circonscription était détenue depuis 2012 par Jacques Krabal (radical puis LREM), qui ne se représentait pas à sa succession.
Jocelyn Dessigny, premier adjoint au maire RN Franck Briffaut de Villers-Cotterêts, est aux anges. "C'est un score qui est au niveau maximal de ce qu'on espérait, glisse le nouveau député. On a rassemblé largement au delà de notre électorat (...) 62,4%, ça veut dire que l'extrême majorité des déçus de la "Krabalie" nous ont rejoint au second tour face notre concurrent d'extrême gauche. C'est effectivement une belle victoire." Dans cette circonscription, l'abstention atteint 54,15% des votants.
"Le plafond de verre est enfin brisé, se félicite le maire de la cité d'Alexandre Dumas, un temps pressenti pour concourir à la députation. Nous concrétisons un travail local dans le milieu rural, nous ne subissons plus d'ostracisme, le vote utile ne joue plus en notre défaveur. Notre positionnement était clair, face à des adversaires qui disaient tout et n'importe quoi."
Sur cette circonscription de la Champagne picarde, tout était question de report de voix. Jeanne Roussel, investie par Ensemble !, avait appelé à faire barrage au Rassemblement national, et Sébastien Eugène, candidat dissident du même camp, a explicitement appelé à voter pour Stéphane Frère. Les voix cumulées de ces deux candidats représentaient 32% des suffrages exprimés au premier tour.
Dive réélu, Bono-Vandorme battue
Dans la 2e circonscription de l'Aisne, celle de Saint-Quentin, le député sortant Julien Dive a été réélu avec 58,17% des suffrages exprimés. Dans ce territoire acquis à l'UMP-LR depuis 2002, il devance de 5 000 voix son adversaire RN Lola Puissant (41,83%). L'abstention représente 56,49% des votants.
Dans la 1ère circonscription de l'Aisne, Aude Bono-Vandorme, élue LREM en 2017, n'a pas pu conserver son siège. Arrivée en deuxième position au premier tour (23,40%), largement derrière le candidat nationaliste Nicolas Dragon (33,14%), elle n'a pas bénéficié d'un report de voix assez important. Nicolas Dragon remporte son siège au second tour avec 54,56%. L'abstention atteint 53,46% des votants.
Dans l'Aisne, seulement deux élus ont donc été reconduits sur quatre circonscriptions où des députés sortant se représentaient. Excepté ces deux circonscriptions, les trois restantes de l'Aisne, détenues depuis 2017 par La République en Marche, ont toutes été reprises par le Rassemblement national.