Jaulgonne, dans le sud de l'Aisne, compte à peine 650 habitants. Et dans ce petit village, on fait preuve de solidarité... Quatre élus ont décidé d'offrir une partie de leurs indemnités pour soutenir les commerçants locaux.
Ils n’avaient rien demandé, et puis un jour la mairie leur a téléphoné en leur demandant de surveiller la boîte aux lettres de leur commerce. Éric et Laurence Leblanc, propriétaires du restaurant "Le 911" à Jaulgonne, ont eu la bonne surprise de recevoir... un chèque de 400 euros.
Cadeau de la maire et trois de ses adjoints, qui ont versé une partie de leurs indemnités d’élus du mois d’avril à ce restaurant des bords de Marne. L'établissement est fermé depuis la mi-mars pour cause de confinement. Le couple de restaurateurs, installé depuis 2 ans, se dit infiniment touché par ce geste spontané.
La coiffeuse reverse son aide financière
La coiffeuse du village, Corinne Leminhbach, dont l’activité a cessé pendant le confinement, a reçu la même somme de la part des élus. Mais elle a décliné cette aide financière. Installée depuis 35 ans dans la commune, ses clients sont désormais des "amis". Elle a beneficié des aides gouvernementales et estime sa trésorerie suffisante pour tenir le choc. Les 400 euros qui lui étaient destinée ont donc été reversés au restaurant, ainsi qu'à Christelle Levy, la fleuriste, choisie elle aussi par les élus pour bénéficier de l'aide.
Pour Christelle, ce geste est beaucoup plus que symbolique. La veille du confinement, la fête des grands-mères venait de s’achever, elle avait renouvelé son stock... Environ 2 000 euros de fleurs fraîches qu’il a fallu donner ou jeter. Une catastrophe pour l’avenir de sa boutique.
Soutenir les plus fragiles
Jointe par téléphone, Anne Maricot, la maire (SE) de Jaulgonne juge primordial de préserver le dynamisme de sa commune de 700 habitants. Niché dans la vallée de la Marne, le village compte une boulangerie, une boucherie, un marchand de journaux, une pharmacie... Un tissu d’une petite dizaine de commerces qu’il faut maintenir pour préserver l’attractivité du bourg. Les élus veulent aider les commerçants les plus fragilisés, ceux dont l’activité a cessé temporairement.L’aide reçue de la commune est venue s’ajouter à celle de l’association des maires ruraux. Grâce au dispositif "Bouge ton coq", la fleuriste et le couple de restaurateurs ont reçu 1 500 euros supplémentaires. Une aide non remboursable destinée au maintien des commerces en milieu rural.
Mobilisation des consommateurs
Depuis une semaine, Christelle Levy a pu ouvrir à nouveau son magasin de fleurs. Les clients se succèdent dans sa boutique, témoignant ainsi leur attachement au maintien de son activité. Christelle Levy se dit "émue aux larmes" par les témoignages de solidarité des habitants. L’un d’eux a même organisé une vente de plants de légumes au bénéfice de la fleuriste.Quant à Laurence et Eric Leblanc, les restaurateurs, ils attendent toujours le feu vert des autorités pour accueillir leurs clients. Mais première lueur ce lundi : la vente à emporter a pu reprendre. Au menu, lasagnes à la bolognaise et mousse au chocolat. Parmi la dizaine de clients venus passer commande dès la matinée, beaucoup de "nouveaux visages", un véritable réconfort pour le couple de restaurateurs très touchés de ces marques d’attention.
Le village, situé entre Château-Thierry et Fère-en-Tardenois, espère sortir de cette période tourmentée en préservant son tissu commercial. Les mois à venir seront décisifs pour le maintien de l’activité de ces boutiques de proximité. Un enjeu majeur pour la commune, l’une des plus petites de l’Aisne par sa superficie, mais qui compte bien poursuivre le regain démographique entamé depuis quelques années.