Depuis les élections municipales de 2014, plus de 1 000 maires ont rendu leur écharpe tricolore. Une vague de démissions inédite, abordée au Congrès des maires de France, qui s'est tenu à Paris. A Cuisy-en-Almont, 378 habitants, la maire centriste Françoise Champenois refuse cette fatalité.
Ils sont plus de 1 000 maires démissionnaires en France selon répertoire national des élus (RNE). Une des causes de ce ras-le-bol : la suppression de la taxe d’habitation qui a retiré de nombreux moyens aux communes. Ces démissions concernent, principalement, les maires de communes de moins de 2 000 habitants.
Maire, une mission chronophage
Sur les 166 communes de l'arrondissement de Soissons, 10 maires ont démissionné depuis 2014. Ce n'est pas le cas à Cuisy-en-Almont. Françoise Champenois y est maire depuis 2008. Première femme à être élue dans ce village, elle consacre toute son énergie à cette fonction à temps plein, pour 560€ d'indemnités mensuelles.A 67 ans, cette ancienne cadre d'un grand groupe automobile ne souhaitait pas rester inactive à la retraite. Elle reconnaît qu'il est parfois difficile de régler tous les problèmes d'une commune. "Il faut de l'énergie, de la disponibilité mais être aussi bon gestionnaire". Pour l'assister, elle compte sur son 1er adjoint. Avec son tracteur, il réalise souvent des travaux sur la commune. Et pour l'administratif, Françoise Champenois partage une secrétaire de mairie avec 4 autres communes. Une présence de 9 heures effective à Cuisy-en-Almont ! j'ai fait don de mon travail à ma commune. je ne compte pas mes heures. Je suis disponible 7 jours sur 7. On peut me contacter même le dimanche, je me déplace
Maire, un gestionnaire doublé d'un psychologue
La gestion du quotidien est devenue un vrai casse-tête, faute de moyens financiers. La réforme de la taxe d'habitation a amputé le budget de Cuisy-en-Almont de 63 000€, sur un total de 160 000. Malgré les promesses de compensation au centimes près, Françoise Champenois a dû mettre de côté des projets de voiries ou la réfection de la toiture de la mairie.Elle comprend les maires démissionnaires qui ont l'impression d'être abandonné par l'État. Souvent, elle reçoit et conseille d'autres maires. Par solidarité, elle encourage les nouveaux élus, les guidant dans leur responsabilité quelle que soit leur étiquette politique. Sa double casquette de conseillère départementale lui permet de bien gérer les besoins des communes rurales en termes d'investissements. Un rôle de "coach" pour tout ceux qui en ont besoin.
Petits maires et fiers de l'être !
La difficulté d'être maire, un sujet abordé à l'occasion du Congrés de l'Association des maires de France, qui s'est tenu à Paris, du 19 au 22 novembre. Pierre-Jean Verzelen, président de l'union des maires de l'Aisne et maire de Crécy-sur-Serre en a profiter pour signer un plaidoyer dans le Figaro. Ici, pas de démission, pas de colère. Avec plusieurs autres «petits maires», il rappelle "qu' être maire est une fonction passionnante, utile et concrète" :Selon l'Insee, plus de 50 % des communes comptent moins de 500 habitants. Leur maire, c'est souvent le seul interlocuteur des habitants. Pierre-Jean Verzele faisait partie des 2.024 maires, venus mercredi soir, à l'Élysée pour écouter Emmanuel Macron. Il espère que le Président de la république a entendu les inquiétudes des maires de France. Dans le département de l'Aisne, ils sont 41 démissionnaires.Papiers d'identité, documents d'urbanisme, dossiers de subventions, règlement des conflits de voisinage, suivi des travaux, organisation de moments de convivialité… Le maire doit être un véritable couteau suisse.
Les prochaines élections municipales se tiendront les 23 et 30 mars 2020, dans moins de deux ans. Une date trop éloignée pour certains maire mais pas pour Françoise Champenois. Elle annonce déjà qu'elle se représentera pour un troisième mandat.