L'Axonnais a reconnu avoir frappé mortellement Clément Méric à Paris en 2013 et a livré mardi des détails inédits tout en opposant des trous de mémoire aux questions de la cour, quitte à agacer. Il a également exprimé des regrets qui n'ont pas convaincu les parties civiles.
Un scooter que personne n'a vu sillonner les rues, une conversation avec Clément Méric qu'il est seul à avoir entendu... Pour l'accusation, l'Axonnais de 25 ans a étoffé un récit tendant à amoindrir sa responsabilité.
Esteban Morillo, 25 ans, risque 20 ans de réclusion criminelle pour des "coups mortels" portés à Clément Méric lors d'une rixe entre militants d'extrême gauche et d'extrême droite, après une rencontre fortuite à une vente privée de vêtements.
Esteban Morillo a répété mardi matin n'avoir frappé qu'"à mains nues", "deux fois". La présidente a souligné qu'il avait eu un rappel à la loi en 2011 pour port d'un poing américain, une arme de catégorie D. Et qu'il en possédait un autre à l'époque des faits. "Ce jour-là, je n'avais pas de poing américain", a-t-il dit.
Il a ensuite livré un récit bourré de détails inédits. Il raconte qu'en passant devant les antifascistes, postés le long d'un mur, il a été "insulté par Clément Méric" qui accusait son groupe d'être "lâche", de n'avoir "pas de c...".
Un coup de fil à Serge Ayoub, l'ex-chef des skinheads parisiens
"Vous êtes le seul à évoquer cette conversation", a remarqué la présidente, rappelant qu'il téléphone à Serge Ayoub, figure de l'ultradroite, quelques secondes avant la bagarre. "Comment avez-vous pu discuter avec Clément Méric si vous étiez au téléphone avec Ayoub?".
- "Heu, je n'étais pas au téléphone".
- "Le téléphone c'est précis, M. Morillo. Vous appelez Ayoub à 18H42 et à 18H43, Clément Méric s'effondre".
Pourquoi appeler l'ex-chef des skinheads parisiens?
- "Je ne sais pas.
- Comment ça vous ne savez pas? Vous l'appelez avant la bagarre, après, vous lui parlez la moitié de la nuit... Il est quoi pour vous? un père, un référent?
- Je sais pas. C'est le seul qui nous donne des conseils".
Attablé avec ses amis au café juste après la rixe, il est "inquiet", voit "un scooter sillonner les rues, comme à la recherche de quelqu'un". "Vous n'aviez jamais dit ça!", a réagi la présidente.
Esteban Morillo a regretté "tout ça". Quand il apprend la mort de Clément Méric, il espère "ne pas avoir été le seul à frapper", a-t-il dit maladroitement, avant d'ajouter: "J'aurais voulu que ce soit moi plutôt que lui".
Une déclaration qui n'a pas convaincu les parties civiles. "Je pense que M. Morillo est sincère, quand il exprime des regrets. Mais il exprime des regrets par rapport à sa situation, pas par rapport à Clément Méric. Il a fallu attendre très longtemps pour que, simplement, le nom de Clément Méric apparaisse", a déclaré Michel Tubiana, avocat des parties civiles.
Le verdict est attendu vendredi.