Serge Ayoub, leader de l'ancêtre du WWK, Troisième voie, a comparu devant le tribunal correctionnel d'Amiens cette semaine aux côtés de 17 autres membres du groupuscule néonazi, avec lequel il se défend d'avoir un quelconque lien. Portrait.

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Pendant trois jours, 17 prévenus âgés de 22 à 53 ans, ont dû répondre des 35 infractions qui leur étaient reprochées et qui ont eu lieu entre 2012 et 2014. Leur point commun, le WWK. Un groupuscule néonazi né sur les cendres du mouvement Troisième Voie, qui avait à sa tête Serge Ayoub, ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), et mentor de Jérémy Mourain, leader du WWK, condamné à 9 ans de prison.


Cette organisation avait été dissoute en juillet 2013 par décret du gouvernement après la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric en juin 2013 à Paris, suite à une rixe dans laquelle étaient impliqués certains de ses membres. C'est là que la France découvre Serge Ayoub alias Batskin, son nom de jeunesse qui lui colle à la peau.


J'ai été skinhead, j'ai été dans ce ghetto 


Car le meurtrier supposé de Méric est un proche d'Ayoub. "Je suis triste aussi d’avoir perdu deux ans de ma vie pour une histoire à laquelle je ne suis aucunement mêlé. Je suis triste que dans cette société on juge les hommes une fois pour toute à l’aube de leur vie, à vingt ans et pour toujours. Je suis fatigué qu’à 52 ans on m’affuble du surnom de Batskin comme à mes 17 ans", écrit l'homme sur sa page Facebook après la dernière audience, jeudi soir.

Toutefois, ce dernier ne renie rien. "J'ai été skinhead, j'ai été dans ce ghetto, nous confie-t-il. J'ai été Batskin à 17 ans [...] Ça m'a construit, je ne le renie pas." Serge Ayoub se dit "cocu du Parti Socialiste", auquel il était encarté à 17 ans, et parle de "trahison" du monde ouvrier par la gauche "intello".


Serge Ayoub critique la justice et les journalistes, parle de "procès des médias" et se pose en victime. "Je suis victime de racisme, on me traite de sale juif, sale arabe... Jusque dans la salle d'audience où on me traite de sale libanais. La justice ne dit rien. Quand c'est à mon égard, on considère que ce n'est pas grave"

"Il y a deux procès", affirme l'ancien leader de Troisième Voie. "Il y a celui des voleurs de gazoil, de pots à tabac, de trafiquants de grosses sommes, au moins 50 euros", ironise-t-il. "Et puis il y a celui des médias et de la justice", poursuit Ayoub.

Je n'ai rien à voir avec le WWK


"Tous les jours, on me met à la une des journaux. On a parlé de moi alors que je n'ai été nommé qu'une fois dans cette histoire. Je n'ai rien à voir avec le WWK. Je suis d'après les médias, son fondateur. Selon eux aussi, je suis en prison depuis 2015. Je l'ai appris hier !", ironise-t-il.

"Les peines ne sont pas des peines de justice mais des peines des médias", estime Serge Ayoub, qui parle de "horde sauvage".

Installé aujourd'hui en Picardie, l'homme n'a pas renoncé à la politique. "Je vais essayer d'écrire, de réléchir, et au moins comprendre ce qu'il se passe à l'heure actuelle. C'est toujours intéressant. Polis vient de cité, je vivrai dans la cité tant que je serai vivant, comme vous", déclare-t-il.

Pierre Guillaume Creignou, Aurélien Barège, Stéphane Picard ; photo Maxppp ; Serge Ayoub, ancien dirigeant de "troisième voie" ;

Sur sa page Facebook, où il compte 7000 fans, et sur sa chaîne Youtube qui recense 2555 abonnés, Serge Ayoub partage des articles du journal d'extrême droite Valeurs Actuelle et des liens vers le site d'Égalité et Réconciliation, association politique fondée par l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.

Après ce procès d'envergure, Serge Ayoub aspire à "retourner à une vie normale".
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