Pour prévenir les risques d'inondation, des communes de l'Aisne s'organisent. Elles font appel aux bûcherons pour nettoyer les berges. Leur mission : retirer les arbres qui gênent l'écoulement des cours d'eau et couper par anticipation ceux qui représentent un danger.
Depuis deux semaines, les bûcherons s'activent sur les berges du Vilpion dans l'Aisne. Le cours d'eau n'a pas été entretenu depuis 35 ans.
Le travail est conséquent. Fabrice Marchand et ses collègues ont repéré une quarantaine d'embâcles à retirer. "On voit bien qu'un arbre s'est complètement déraciné. Il est tombé en travers de la rivière et il bouche totalement le lit du cours d’eau. Quand ces arbres s'écroulent, ça crée un appendice dans les talus, ça creuse un trou et quand l'eau monte l'hiver, ça crée un tourbillon dedans et les berges s'érodent de plus en plus. Pour éviter ça, il faut couper en préventif pour protéger les berges".
Une dégradation naturelle que les bûcherons doivent prendre en compte. Ils interviennent donc avant l'hiver pour éviter les risques de chutes des arbres fragilisés.
Anticiper pour réduire la facture
Ces gestionnaires de rive ont cinq kilomètres de bordures à nettoyer et plus d'une centaine d'arbres à couper par prévention pour éviter les inondations. Un entretien dont s'acquitte le syndicat mixte des rivières. "Il faut absolument faire une prévention sur les arbres qui risquent de tomber, détaille le président Hubert Compère, parce que si on attend qu'ils tombent les uns après les autres, on ne pourra jamais faire le travail dans des dépenses économiques raisonnables et surtout dans des délais raisonnables."
Coût total de l'opération : 18 000 euros, financé par les sept communautés de communes.
Couper, mais pas n'importe comment
La végétation vieillissante est en train de reboucher la rivière et restreint le libre écoulement de l'eau.
Dans certaines zones, les bûcherons ont pris la décision de tout enlever : "À l'origine ici, on ne voyait plus le cours d'eau, constate Fabrice Marchand, donc on est en train de tout couper parce qu'il n'y a aucun enjeu environnemental. Il faut que l'eau s'évacue de nouveau pour éviter les inondations".
Avant chaque coupe, les bûcherons étudient soigneusement la faune et la flore environnantes pour ne pas les déranger. "Certains arbres ne sont pas coupés, explique Fabrice Marchand, parce que le système racinaire est très vivant et ils tiennent totalement la berge donc on peut les laisser. Ça permet aux poissons de se cacher, de se reproduire. On ne fait pas des autoroutes. Il y a des choses qu'on laisse, des boules de végétation de façon à ce que les poissons puissent être à l'abri, comme les oiseaux ou les canards".
Les travaux sur le Vilpion devraient durer encore deux semaines.
Avec Rachel Desmis