JO Paris 2024 : le parcours du combattant des communes pour l'accueil de délégations étrangères

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Beaucoup en rêvent : accueillir une délégation sportive étrangère à l'occasion des JO de Paris. Dans l'Aisne, un certain nombre de communes se sont engagées dans cette voie. Une démarche semée d'espoirs, de déceptions et de réussites, qui n'a rien d'un parcours bien balisé.

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"Nous n'avons plus de nouvelles du tout. Ils ont coupé net", regrette Philippe Montaron. L'an passé, le maire de Belleu, à côté de Soissons, caressait fermement l'espoir d'accueillir une délégation de lutteurs ukrainiens pour leur préparation aux Jeux olympiques de Paris.

Les choses semblaient bien se dérouler et la commune se mettait en ordre de bataille dans cette perspective. Un émissaire ukrainien est venu visiter les installations, visiblement enthousiaste, mais depuis, l'opération a tourné court. Le contexte politique international n'a sans doute pas facilité les choses. 

C'était un rêve à réaliser

Du coup, la commune tente désormais de rebondir en se tournant vers une autre piste. "Maintenant, ce serait plutôt le Sénégal. Il n'y a rien d'officiel. Nous avions une réunion du conseil municipal lundi. Il y a des contacts. On attend de savoir le nombre de personnes à accueillir. Ça ne devrait plus tarder, d'ici avril. C'est plus facile pour la langue", confie le maire.

Un plan de rechange à trouver également pour Bucy-le-Long, non loin de là. Accueillir une délégation olympique, le village de 1 800 habitants en rêve depuis deux ans. Malgré sa taille modeste, il a obtenu le label "Terre de jeux". Une première victoire dans la perspective d'accueillir aussi une délégation sportive ukrainienne. Bucy s'était d'ailleurs associée avec Belleu pour réaliser en commun une vidéo de promotion de leurs atouts et de ceux du Soissonnais.

Il faut désormais en parler au passé et le maire de Bucy-le-Long, Thierry Routier, s'active dorénavant de son côté pour séduire et convaincre l'équipe de Colombie de judo de venir s'entraîner dans sa commune.

Aux toutes dernières nouvelles, ce 15 mars, cela semble bien parti. "Ce vendredi matin, nous avons reçu un message pour trois athlètes, un directeur sportif et un accompagnant provenant de la fédération colombienne. Ils sont très très intéressés pour venir. Ils ont bien compris notre démarche", annonce Thierry Routier. Mais il faudra attendre au moins le 25 mai pour officialiser.

Un marathon de démarches

L'élu raconte les nombreux efforts qu'il a dû déployer pour espérer atteindre son objectif. "Être labellisé, ce n'est déjà pas simple pour une petite commune parmi les grandes, mais nous avons été retenus. Nous avons commencé par un premier contact avec Taïwan. Ensuite, on a eu l'Ukraine. L'espoir aujourd'hui s'estompe compte tenu des difficultés qu'on connaît. Ils voulaient que j'aille là-bas. Ce n'était pas favorable".

Après cette déconvenue, Thierry Routier n'a pas baissé les bras et continué à nouer des contacts avec d'autres pays. "Nous avons eu la chance d'être invités par la fédération de judo à Paris. Nous avons rencontré les athlètes qui venaient retirer leurs accréditations. Nous avons rencontré beaucoup de directeurs techniques nationaux de tous les pays. On a eu une vingtaine de contacts téléphoniques ou mail. Le contact le plus solide, c'est l'Algérie et la Colombie, ils ont pris en compte notre demande. Hier, j'ai trouvé une Colombienne qui habite le secteur", raconte le maire qui espère que cette fois, ce sera la bonne.

C'est les contacts. Le carnet d'adresses joue. J'ai eu la chance d'être président de la fédération.

Marc Andrieux, président du Club milonais d'haltérophilie et musculation

À la Ferté-Milon, dans le sud de l'Aisne, en revanche, on semble déjà passés à l'étape suivante. Pas moins de complexité, mais plus de certitudes. La venue d'une délégation indienne en haltérophilie est désormais officielle. "La fédération indienne, cela fait 4 à 5 mois qu'on travaille là-dessus. On n'a pas arrêté d'échanger. Nous avons eu la confirmation il y a deux jours", se félicite Marc Andrieux, le président du Club milonais d'haltérophilie et musculation.

La commune doit donc accueillir une championne indienne pour sa préparation. "Ce ne sera pas n'importe qui : une vice-championne à Tokyo en moins de 49 kg, championne du monde. Ce sera une sportive avec 2 ou 3 coaches du 4 juillet au 4 aout", explique le responsable.

Une méthode assez artisanale

Une réussite pour le club qui n'allait pas de soi. "On a la chance d'être à une heure de Paris. Notre souci, c'était l'hébergement", raconte Marc Andrieux qui a surtout compté sur ses relations. Car sur ce sujet, vu de l'extérieur, tout semble un peu "artisanal".

Les clubs et les communes comptent souvent sur les fédérations sportives pour jouer les intermédiaires pour leurs démarches. Aucune n'évoque une structure dédiée pour centraliser les possibilités d'accueil et faciliter la mise en relation avec les délégations étrangères.

Même à l'échelle du département, rares sont ceux qui connaissent précisément l'état des démarches et des discussions en cours et les délégations qui pourraient être finalement accueillies. "C'est les contacts. Le carnet d'adresses joue. J'ai eu la chance d'être président de la fédération. Ma belle-fille a été 7e aux JO d'Athènes aussi", analyse le président du club milonais.

Tout cela sans parler même du cahier des charges à respecter pour pouvoir devenir centre de préparation olympique. "C'est lourd en termes d'installations, il faut six plateaux d'haltérophilie, des poids, des axes pour 6 féminins et 6 masculins, un lieu de repas, un pour faire la cuisine, l'hébergement, un bus. Il faut avoir les reins solides. Il faut une volonté", estime Marc Andrieux.

Pour autant, quand les démarches sont couronnées de succès, cela suffit à faire oublier les efforts consentis. "Cela met en avant le club. Nous aurons des échanges, les collectivités vont venir, le consulat d'Inde", se félicite le responsable du club d'haltérophilie milonais. Il reste désormais seulement quelques mois pour concrétiser.

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