La flambée des prix du papier inquiète les professionnels : "dans les semaines qui arrivent, ça va devenir difficile"

Depuis le début de l'année, le prix du papier s'est envolé. Si l'heure n'est pas encore à la pénurie, les imprimeurs et les éditeurs s'inquiètent pour les mois à venir. Exemple dans l’Aisne.

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"On n'est pas en pénurie, mais on y arrive, les délais de livraison ont doublé voir triplé, déplore Philippe Leducq, directeur général d'une imprimerie à Gauchy, dans l'Aisne. Ce qu'on avait en trois semaines avant, on l'a maintenant en deux ou trois mois (...), donc ça commence à se ressentir, et dans les jours et les semaines qui arrivent, ça va devenir difficile.

L'incertitude quotidienne des imprimeurs

Difficultés logistiques mondiales, hausse du prix des matières premières, concurrence féroce des Américains et des Asiatiques : la crise du papier tire ses sources aux quatre coins du monde, mais les conséquences se ressentent très concrètement au niveau local.

Entre l'allongement des délais de livraisons et les prix qui ne cessent d'augmenter, les imprimeurs vivent dans une incertitude permanente : "On commande le papier sans savoir le prix auquel on va être facturé", explique Philippe Leducq.

Cette année, il répond à un appel d'offres pour décrocher un marché important : l'impression des bulletins des élections présidentielle et législatives de 2022. "On doit répondre à l'appel d'offre la semaine prochaine, sans savoir à quel prix on achètera le papier. On va faire une estimation en fonction de notre connaissance du marchés et de nos fournisseurs pour faire ce prix, en espérant tomber le plus juste possible. Si on avait imprimé les bulletins en début d'année, j'aurais acheté le papier autour de 750 euros la tonne. Là, les prix qui nous sont donnés sont autour de 1 200 euros la tonne, sans aucune garantie. Donc l'augmentation est de 45 à 50% sur ce papier."

Le blues des éditeurs

Qui dit coûts des matières premières, dit prix plus élevé pour le client final. Et les chiffres montent tellement vite que cette imprimerie n'est plus en mesure de garantir la validité d'un devis au-delà d'une semaine. Une instabilité qui a des conséquences sur tout le secteur du papier, et particulièrement du côté des livres. 

Max Lansdalls, éditeur à Vic-sur-Aisne, voit le coût d'impression de ses ouvrages augmenter rapidement. Récemment, il a demandé la réimpression d'un livre pour enfants paru au mois d'août, et la facture est déjà différente. "En août, le devis était à 685 euros. Là, c'est 726 euros, pour la même qualité, les mêmes quantités, le même papier, tout pareil. Ça fait une augmentation de 6% en à peine trois mois de temps."

Sauf que contrairement à l'imprimeur, il ne peut pas répercuter cette hausse sur le prix de son produit. Le prix du livre est fixe depuis le début des années 1980. Une mesure qui permet d'éviter une envolée du prix des livres, mais qui laisse peu de marge de manœuvre à l'éditeur. "Je ne peux pas augmenter le prix du livre, et mon imprimeur qui fait son travail, je dois bien le payer. Donc pour l'instant, c'est ma marge à moi qui est rognée." Une marge déjà serrée qui ne pourra pas se réduire bien longtemps. "On est sur la réserve pour l'avenir, on se pose la question de savoir si on va continuer à imprimer autant de livres, si on doit faire des réimpressions ou pas."

Bientôt un impact en librairies

Pour le moment, ces difficultés ne se ressentent pas encore en librairies. Aline Marelli, libraire à Chauny, n'a pour l'instant qu'un seul éditeur qui n'est pas en mesure de la livrer. "C'est le premier message de rupture que j'ai reçu, qui dit que du fait de la pénurie de papier, la Bible ne sera réimprimée qu'en mars 2022." Il ne lui reste qu'un exemplaire pour tenir jusque là. 

Les fêtes de fin d’année, période très importante pour les professionnels du livre, devrait être épargnée par la pénurie de papier. En revanche, d'après les prévisions, la conséquence de la crise du papier pourrait commencer à se ressentir réellement en librairies à partir du début de l'année prochaine. 

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