La gendarmerie ne paie plus son loyer à des communes de l'Aisne : "avant même qu'on doive se serrer la ceinture, l'État nous met à la diète"

À Montcornet et à Sissonne (Aisne), la clôture du budget s'annonce mal. Les gendarmeries qui s'y trouvent ne se sont pas acquittées des loyers qu'elles devaient régler. Mises en difficulté financière, les communes réclament un paiement rapide.

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La fin d'année s'annonce difficile pour les finances des communes de Montcornet et de Sissonne dans l'Aisne. Elles n'ont pas obtenu les loyers des gendarmeries qu'elles accueillent. Ce manque à gagner représenterait plusieurs dizaines de milliers d'euros. 

Thomas Hennequin, le maire de Montcornet (PS), est très inquiet. Sa commune doit rembourser un prêt  contracté pour construire une gendarmerie en 2012. Jusque-là, cette somme était en majorité couverte par les loyers de ses occupants, mais depuis la fin septembre, plus rien. "Nous nous sommes aperçus que la collectivité n'avait pas été payée des loyers du troisième trimestre. Nous avons mené l'enquête et c'est là que l'on a appris que nous ne serions pas payés. Les services de la gendarmerie nous ont avoué ne pas être en mesure de le faire." 

Des communes prises au dépourvu 

Ce qui le contrarie le plus, c'est le manque de communication de la part du ministère de l'Intérieur : "Ils n'ont pas contacté la commune pour faire part de ces difficultés et permettre d'anticiper ce non-versement pour résoudre le problème".

Dans une situation financière difficile du fait de ce retard de paiement, il peine à trouver des solutions : "On se retrouve à devoir faire une avance de trésorerie à la place du ministère de l'Intérieur en différant certains projets. En étant maire, on est garant des finances de la commune. Ce n'est pas mon argent, mais celui de mes administrés. Et aujourd'hui, on se retrouve à quémander". 

Une situation d'autant plus, injuste, selon lui, alors que le gouvernement demande à chacun de faire des efforts financiers : "Avant même qu'on doive se serrer la ceinture, l'État nous met à la diète. C'est une double peine". 

Quelles solutions en attendant un remboursement ? 

À quelques kilomètres de là, Christian Vannobel maire (Modem) de Sissonne, se retrouve confronté à la même situation. Il a 48 800€ d'impayés de la gendarmerie de sa commune. "J'avais mis ces difficultés sur le compte du retard de la signature du budget. Je pensais que ça s'arrangerait vite. Mais là, on commence à être en difficulté", avoue-t-il. 

Les charges communales s'accumulent et il craint de devoir renoncer à certaines choses : "On a 28 agents communaux et ils doivent être payés. Et puis, je ne vois pas comment se serrer la ceinture parce qu'on n'est pas dépensiers dans notre fonctionnement. On ne pourra pas répondre à certaines dépenses vis-à-vis des fêtes de Noël par exemple, ou alors, on devra chercher des diminutions d'aides ou d'entretien de la collectivité".

Pour éviter d'en arriver là, l'édile pense déjà à des solutions plus engageantes. "On avait prévu de faire un emprunt de 150 000€ pour faire des constructions et on se pose la question d'emprunter davantage pour compenser la défaillance de l'État."

"Les factures peuvent être reculées, mais pas de plusieurs mois"

Selon le ministre de l’Intérieur, cette année, les gendarmes ont été fortement mobilisés, notamment pour assurer la sécurité lors des jeux olympiques. Il se veut rassurant sur une situation qui devrait s'arranger dans les prochains mois. "La parole de l'État sera honorée", assure Bruno Retailleau. 

En attendant, les deux maires s'inquiètent du délai de recouvrement de ces dettes. "Il faut un engagement rapide pour corriger la situation. Les factures peuvent être reculées de quelques semaines, mais pas de plusieurs mois. Ça ne sera pas tenable très longtemps.", conclut le maire de Sissonne. La gendarmerie les a déjà prévenus. Les 25 000€ qui doivent être payés à la mairie de Montcornet ne devraient pas être remboursés avant la fin de l'année. 

Avec Paul Thiery, 

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