La municipalité de Noyon vient de mettre un ensemble de bâtiments publics en vente. Parmi eux, une ancienne école, des maisons, mais aussi une église du XIIIe siècle. Les habitants s'interrogent sur le motif de ces ventes et l'opposition s'insurge.
À Noyon, dans l'Oise, l'ancienne école des filles, fermée dans les années 1960, héberge aujourd'hui des associations. Mais peut-être plus pour longtemps. La mairie vient de mettre en vente le bâtiment ainsi que d'autres propriétés municipales telles que des maisons, des garages et même l'ancienne église Sainte-Marie-Madeleine.
L'association de Laurence Demailly est hébergée dans ce vieux bâtiment de briques rouges. "Où est-ce qu'on sera relogés ? Et, est-ce qu'on sera vraiment relogés en fait ? À la maire, on nous a dit qu'on avait déjà de la chance d'avoir un local parce que d'autres associations n'en ont même pas. Si on n'a plus de lieu, je ne vois pas comment on pourrait continuer", s'inquiète la présidente de Médiation Spontanée Noyon.
Des édifices trop coûteux à entretenir selon la mairie
Si la mairie met en vente tous ces biens, c'est semble-t-il dans le cadre d'une politique budgétaire. "Il faut des millions pour entretenir le patrimoine de Noyon. Rien que pour entretenir le jubé de la cathédrale, il faut 1 250 000 € et ce n'est qu'une faible partie. Il n'y aurait que la rénovation de l'intérieur avec ça", explique Philippe Llose (LR), adjoint au maire en charge du patrimoine.
Les ventes permettraient surtout d'alléger les charges de la commune d'après lui : "Il ne faut pas les laisser dépérir. À un moment, elles n'auront plus qu'une valeur moindre. Pour tous ces biens, il y a une taxe foncière, une assurance et du chauffage à payer par les Noyonnais".
L'ensemble des ventes devrait rapporter au moins 550 000 € à la commune, mais le prix de ventre de l'église n'est pas encore connu puisqu'il dépend de l'expertise des architectes des Bâtiments de France. Une partie de l'édifice date du XIIe siècle.
L'opposition dénonce la vente de ces vestiges historique. "Elle [Sandrine Dauchelle, la maire] est en train de brader le patrimoine d'une ville d'art et d'histoire. Même dans l'urgence, c'est inacceptable. Vendre des bâtiments qui ne servent plus OK. Mais, l'école des filles et l'église sainte Marie-Madeleine... Et, tout ça pour combler des dépenses excessives que nous n'avons eu de cesse de dénoncer", s'indigne Patrick Deguise, ancien maire de la ville et élu d'opposition (Renaissance).
"Le patrimoine archéologique, c'est très très grave"
Sur le marché de Noyon, les badauds semblent, pour la plupart, découvrir cette initiative. Peinés, ils regrettent la vente de certains biens : "Ça me fait mal au cœur", "L'école des filles, c'est moins choquant. Mais, le patrimoine archéologique, c'est très très grave. Ça devrait rester un bien public", s'insurgent des passantes. "Je pense qu'il faut trouver de l'argent ailleurs, parce qu'il y a beaucoup de gaspillage et de mauvaises dépenses. Il faut se tourner vers ça", suggère un autre passant.
Dans l'ensemble, les habitants s'inquiètent du fait que d'autres monuments de la cité de Saint-Éloi et de Jean Calvin puissent être vendus à leur tour. Et surtout, la fameuse cathédrale Notre-dame-de-Noyon. La mairie rassure à demi-mot : "On ne va pas délaisser la cathédrale. C'est notre joyau". Pour les autres biens publics, la réponse est moins tranchée : "À l'heure actuelle, on en reste là".
Avec Naïm Moniolle / FTV