Le chauffard responsable de la mort de deux fillettes dans un accident de la route survenu dans l'Aisne en 2018 a été condamné à 5 ans de prison. Jugé le 19 septembre à Laon pour "homicide involontaire", il a fait appel de cette condamnation.
Le président a mis près d'une heure à lire tous les attendus du verdict. Ce jeudi matin, le tribunal correctionnel de Laon a condamné à 5 ans de prison dont 2 avec sursis le chauffard responsable d'un accident de la route en avril 2018 à Festieux dans l'Aisne. Un accident qui avait coûté la vie à deux fillettes de 4 et 2 ans.
Un mandat de dépôt immédiat a également été délivré à l'encontre de l'accusé. Il a été conduit en prison à sa sortie du tribunal. Son permis lui a été retiré pour la durée maximum soit 5 ans.
L'accusé a fait appel de cette condamnation et a demandé sa libération.
Pour Nadia Karmel, la peine prononcée n'est pas un soulagement. "On ne peut pas être soulagé. J'ai perdu deux enfants. Mais il y a une forme d'apaisement à voir la volonté des magistrats de prendre au séieux ce dossier. Et de prendre en compte qu'il existe une forme de violence routière."
Quant à l'interjection d'appel de l'accusé, la maman des deux petites victimes n'est pas surprise. "Quand on sait que la relaxe avait été demandée par son avocat, il n'y a rien de surprenant à ce qu'il ait fait appel. Je ne suis pas certaine qu'il ait compris la gravité des faits. On peut aussi se demander s'il a compris ce que la Justice lui a expliqué au moment du rendu du verdict. Avec cet appel, je repars au combat. Mais c'est un engagement. Pour qu'on n'ait plus peur de mourir sur les routes."
Plus que les réquisitions
Une condamnation qui va au delà des réquisitions du Praquet. Quatre ans de prison, dont deux fermes, avaient été requis par le parquet de Laon le 19 septembre dernier à l'encontre du chauffard responsable de la mort d'Adélaïde, 3 ans, et Lila, 2 ans, en avril 2018. Il était poursuivi pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires".Lors de ces réquisitions, la salle d'audience du tribunal correctionnel de Laon était trop petite pour accueillir les nombreuses personnes venues assister au procès très médiatisé de ce chef d'entreprise qui encourre jusque 5 ans de prison pour homicide involontaire. Nadia Karmel, qui a perdu ses deux petites filles, était venue chercher des explications sur les raisons de cette accident.
"Je voulais dire que j'étais bouleversé par ce qui s'est passé. Tous les jours, à chaque instant, j'y pense. J'ai pas de douleur comparable à celle de la maman ou du papa. J'ose demander pardon, mais je sais qu'on ne me pardonnera jamais", avait déclaré le prévenu, âgé de 48 ans, très ému à la barre. Mais "je ne me souviens de rien, je ne sais pas ce qui s'est passé", avait-t-il dit plus tard, évoquant une rupture de pente à l'endroit de l'accident. "L'orage était très important, il me semble que ma voiture est passée sur cette veine d'eau".
Rappel des faits
Sur la RD1044 qui relie Laon à Reims dans l'Aisne, le 3 avril 2018, un automobiliste, gérant de centres de contrôle technique, était au volant d'une Maserati noire. Sous une pluie battante, il avait perdu le contrôle de son véhicule et percuté la voiture de Nadia Karmel, qui transportait ses trois enfants de 3 ans et demi, 26 mois et un mois. La collision avait provoqué la mort de l'une des deux fillettes et blessé, la seconde petite fille, le nourrisson et la mère. Nadia Karmel perdra sa deuxième fille à l'hôpital deux jours plus tard.L'homme avait acheté sa Maserati d'occasion quelques jours avant l'accident. Auparavant propriétaire d'une Jaguar, il avait déjà commis 9 infractions au code de la route et avait été sanctionné de deux suspensions de permis pour excès de vitesse. Au moment des faits, il avait toutefois tous ses points de permis.
Une expertise réclamée en décembre par la partie civile avait établi que le prévenu roulait à "113.9 km/h au moment de la perte de contrôle du véhicule, pour une limitation à 80km/h", selon Me Courtois. Mais la défense rappellait que trois autres expertises préalables avaient abouti à des vitesses différentes. Seule certitude: au moment du choc, le prévenu roulait à 63 km/h et le véhicule de Mme Karmel à un peu plus de 50 km/h.
"J'attends que la peine maximale soit appliquée. J'attends que la justice reconnaisse ce qui est à l'origine de l'accident: la vitesse du conducteur", avait déclaré Nadia Karmel à la presse.