C'est un morceau patrimoine qui reprend vie lentement. L'ancien tramway à crémaillère de Laon qui permettait jadis d'accéder au plateau est en cours de restauration par les employés municipaux. Ce chantier au long cours devrait réjouir de nombreux habitants, toujours très attachés au souvenir de cet engin symbolique de la ville.
C'est une renaissance qui a lieu dans cet atelier des services de la ville de Laon près de la gare. Pièce par pièce, la motrice numéro 2 de l’ancien tramway de la ville retrouve sa silhouette d’origine.
"On essaie de reproduire à l’origine le tram, explique Karel Andriesse, serrurier-métallier à la Ville de Laon entre deux coups de visseuse. Et la tôle, ça habille vachement bien. C’est une fierté de travailler sur quelque chose d’historique. Nous, l’équipe de serruriers métalliers, ça va faire deux semaines qu’on travaille dessus. On fait tout ce qui est assemblage, découpage et perçage."
Retrouver des savoir-faire
Depuis 2021, les employés des services techniques sont à l’œuvre sur ce morceau de patrimoine. Pour le reconstruire presque entièrement, ils doivent puiser dans tout leur savoir-faire. "On a commencé par le châssis puis tout doucement, on a remonté la structure. Tout doucement, parce qu’on découvre toujours des petites choses à chaque fois. Et on n’a plus les plans. Donc c’est un peu délicat de reprendre les pièces. On prenait des pièces pour en usiner des copies à l’atelier et on les mettait en place pour voir si ça allait, raconte Michaël Dejoie, menuisier. C’est un vrai défi parce qu’il y a beaucoup de pièces cintrées, chose qu’on ne fait pas tout le temps. Ça prend beaucoup de temps et de réflexion. C’est une certaine fierté parce qu’on redonne vie à quelque chose qui a de l’histoire. Et ça, c’est chouette. En plus, c’était un bel objet, tout en bois."
Son collègue Bruno Bousard, également menuisier, s'active sur la feuillure qu'il va ensuite installer sur un lamellé collé du toit. "D'habitude, notre travail plutôt de changer des fenêtres et des portes. Là, on reprend tout ce qu'on a appris à l'école. Refaire le tram, c’est un super boulot. C’est le chantier d’une carrière. Parce qu’on ne sera pas amené à faire ça régulièrement. Pour nous, c’est vachement valorisant. C’est un travail qui sort de l’ordinaire. Ce style de travail, on n’est pas amené à le faire souvent. J’y travaille depuis 2021. En deux ans, on a quand même pas mal avancé. Sachant qu’on travaille sans plan. C’est une belle expérience. Je suis impatient de le voir sortir."
Un morceau d'histoire de la ville et des habitants
Le tramway a circulé entre la gare et le plateau entre 1889 et 1971, date de sa mise à l’arrêt.
Exposé ensuite durant des années à l’air libre, il était très dégradé. Alors les passionnés de l’engin comme José Chauwin, se réjouissent de l’avancée des travaux. "Ça fait plaisir de voir le tram renaître. Il était d'une conception qui ne s’intéressait pas seulement à la technique, mais aussi à l’esthétique. Moi, je l’ai connu à la fin de son exploitation en 1971. J’avais 11 ans. Je le prenais en première année de collège. Et à chaque fois, c’était un peu magique. Donc il y a un côté nostalgique. D’autant que l’itinéraire était superbe."
Le tram reste un symbole pour de nombreux Laonnois, la municipalité a donc décidé de lancer et financer seule cette restauration. "À l’origine, le maire voulait qu’on repeigne le tram qui était présenté sur la place de la gare. Mais on s’est rendu compte qu’il était trop abîmé pour simplement le repeindre. Donc les services techniques l’ont mis à nu pour voir comment il était fait parce qu’on n’en connaissait pas la structure. Et on a décidé de le reconstruire à l’identique, se souvient Frédéric Poidevin, conseiller municipal délégué au patrimoine. Il est intemporel. Il revient régulièrement dans les sujets de conversation des Laonnois. Je pense que c’était intéressant aussi pour nous de le conserver et de le restaurer."
Il reste de longs mois avant de découvrir le tramway entièrement terminé. Il sera ensuite exposé, mais on ne sait pas encore où et comment.
Édité par Jennifer Alberts / FTV