Le Laboratoire départemental d'analyse et de recherche situé à Laon a reçu l'autorisation d'analyser les prélèvements destinés à dépister le Covid-19. En temps normal, cette structure du Conseil départemental de l'Aisne est spécialisée dans les analyses alimentaires et vétérinaires.
Une pochette en plastique transparente. A l'intérieur un tube, qui renferme un autre tube. "Dans cette pochette, vous avez le tube de prélèvement, c'est-à-dire l'écouvillon qui a été introduit dans le nez du patient ou de la patiente. C'est là que le virus est plus dangereux. Donc il y a beaucoup de précautions", explique David Cillier, responsable analyses Covid 19 au laboratoire départemental d'analyses et de recherche (LDAR) de l'Aisne. Depuis le 28 avril, le LDAR de Laon est habilité à analyser les tests covid-19.
Valider la méthode
Le laboratoire était jusqu'ici spécialisé dans les analyses alimentaires et vétérinaires. A la demande du président du conseil départemental, il a obtenu l'autorisation d'adapter son activité. "La première étape a été de valider la méthode, de l'éprouver pour ensuite l'utiliser en routine, détaille Olivier Mathié, le directeur du laboratoire. Mais c'est une suite naturelle de notre activité. D'habitude, on utilise cette méthode sur des matrices animales et là, elle est utilisée sur de la matrice humaine. Il fallait simplement la transposer sur de la matrice d'origine humaine. Et comme en France, on sépare bien la biologie médicale humaine et la biologie animale, on a été obligés de s'associer à un laboratoire de biologie médicale pour valider notre méthode et nos résultats. Il a suffi de réaliser les tests en double ont été analysés à la fois dans le laboratoire de biologie médicale et chez nous pour confronter les deux méthodes et être sûrs que l'on sortait bien les mêmes résultats. Ensuite, on fait les analyses au laboratoire et on transmet nos résultats au biologiste du laboratoire".
Une capacité de 500 analyses par jour
Le laboratoire avec lequel le LDAR a signé une convention est celui du centre hospitalier de Soissons. Une fois la méthode validée, les premiers échantillons ont pu être analysés dans les locaux très sécurisés de Laon. "Une fois que le virus est complètement cassé, on va aller chercher son matériel génétique, raconte David Cillier. Une fois ces actions de purification et de récupération terminées, on va l'amplifier artificiellement pour mettre en évidence la présence du virus dans le prélèvement. Le principe de ce test, c'est d'aller chercher un ou deux gènes spécifiques au virus et on va le multiplier parce que mettre en évidence un fragment de matériel génétique, c'est très compliqué donc en le mulitpliant, on va pouvoir le mettre en évidence." L'analyse complète prend environ 3h30.
Le Laboratoire départemental d'analyses et de recherche de l'Aisne va commencer par réaliser 200 à 300 tests chaque jour. Puis rapidement 500 grâce à l'arrivée de nouvelles machines et aux agents qui se sont portés volontaires pour être formés à la technique. Les échantillons naso-pharyngés ou expectorés analysés viennent en priorité des ehpad, des établissements pénitentiaires et des établissements médico sociaux du département.
Aider au succès du déconfinement
Son activité doit permettre d'aider au succès du déconfinement. "C'est un apport de 500 à 600 tests minimum au quotidien. Ce qui arrive à point nommé puisqu'on lance des stratégies de dépistage en masse dans les établissements qui en ont besoin, se réjouit Yves Duchange, directeur territorial de l'A.R.S. dans l'Aisne. Ces tests sont réalisés sur prescription médicale et sur avis de médecins qui travaillent au sein de l'ARS. Ils interviennent sur signalement des établissements médico-sociaux qui portent à notre connaissance de cas de personnes symptomatiques parmi les personnels mais aussi des résidents. Avec ce dispositif, nous serons à même de réaliser 5000 à 7000 tests. Ce qui correspond à la part de ce que peut représenter le département de l'Aisne dans la stratégie mise en place au niveau national. A l'aube du déconfinement, ça va permettre de repérer les personnes susceptibles d'être malades et donc contagieuses, de les dépister rapidement, de les confiner et de trouver la trace de tous ceux qui auront pu les approcher de façon à les isoler, à les mettre en quatorzaine et à empêcher de cette façon au virus de se propager. C'est la stratégie qui va être mise en place à partir du 11 mai et qu'on commence à tester aujourd'hui."
Le laboratoire départemental d'analyses et de recherche de l'Aisne est l'une des premières structures de ce type à être habilitée à analyser les tests covid-19.
Dans la Somme, le LDAR doit prochainement signer une convention avec un laboratoire de biologie médicale privé amiénois : "nous avons reçu les échantillons pour calibrer les machines donc théoriquement en début mai, on sera prêts pour faire des analyses, révèle Laurent Somon. La capacité première sera 170 tests par jour puis jusqu'à 350 tests virologiques quotidiens. Pour les tests sérrologiques, nous attendons d'avoir la certitude qu'ils sont fiables mais on est en capacité de les analyser."