Fermeture des hippodromes de Laon et de La Capelle dans l'Aisne : "J'ai vendu quelques chevaux pour tenir"

Le Covid-19 a paralysé la vie économique pendant plusieurs mois et continue de la perturber. Si certains hippodromes ont repris les courses à huis clos, d'autres comme celui de Laon restent fermés. Un manque à gagner qui pèse sérieusement pour ces petites structures et sur toute la filière équine.

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Toujours pas l'ombre d'un cheval ou d'un parieur à l'horizon. Depuis mi-mars, l'hippodrome de Laon dans l'Aisne reste désespérément vide. Trois réunions n'ont pas pu se tenir depuis le début de la crise sanitaire. Ce sont 30 courses annulées cette saison. Sans parler des pertes de sponsors ou de locations de salle : sur les 57 sponsors de l'hippodrome de Laon, 30 n'ont pas eu l'occasion de s'acquitter des 500 euros hors taxes facturés par la Société des courses de Laon.

Perte sèche

Un désastre pour cette association qui gère les lieux. "C'est une crise catastrophique : trois réunions perdues, ça représente 25.000 euros, compte Jean Frère, le président de la Société des courses de Laon. Cet argent, ça nous permet d'engager des travaux. Mais là, des travaux, on ne va pas en faire. C'est une perte sèche, de l'argent qu'on ne récupérera pas. La crise ne met pas en péril l'association, mais ça la fragilise. Mais on existe depuis 1844. Donc, pour déstabiliser une vieille machine comme ça, il en faudra un peu plus !"

Si Jean Frère s'inquiète, c'est surtout pour les entraîneurs qui ne peuvent pas gagner d'argent sans courses : "Les entraîneurs ne peuvent pas venir et donc, ne peuvent pas ramasser d'argent. Organiser une course, c'est une chose mais il faut les prix des courses, explique-t-il. Ça se fait à la semaine avec le PMU. Et si on n'a pas de PMU, on ne peut pas remettre de l'argent dans les courses. Là, on a eu une grosse baisse des enjeux. Le problème, il est là : il y a beaucoup d'entraîneurs qui vont se retrouver à la rue."

Des entraîneurs en difficulté

Ce que confirme Vincent Collard, éleveur et entraîneur à Coucy-le-Château. Comme Laon, l'hippodrome plus en vue de La Capelle est toujours à l'arrêt.

Une situation aux lourdes conséquences : "C'est tombé au moment où il ne fallait pas. Dans la région, on n'a pas de courses de fin novembre à début mars. Ça veut dire pas d'argent tout ce temps. On a repris début mars, le temps de remettre les chevaux en route et tout s'est arrêté le 15, déplore-t-il. Donc, en fait, on est restés six mois sans avoir du tout de rentrée d'argent. Ça fait 35 ans que je suis installé et je n'ai jamais vécu une situation pareille. Sans compter que, quand on a remis en route le 11 mai, on nous a dit une semaine plus tard qu'on ne pouvait pas recourir."

Et pour faire se refaire une trésorerie, Vincent Collard n'a pas eu droit choix que d'aligner ses chevaux dans des hippodromes où les courses se tiennent à huis clos. C'est le cas à Amiens, Chantilly et Compiègne.

 "On peut recourir, mais avec les masques et toutes les précautions qu'il faut. Ce n'est pas encore partout : c'est toujours fermé à Paris. Donc les courses qu'on devait courir à Vincennes, on va les courir très loin : je suis allé à Caen, à Laval, Au Mans pour courir. Ça fait des frais et de la fatigue en plus."

Une reprise attendue fin juin

À Laon, l'hippodrome espère pouvoir redémarrer son activité le 28 juin. En 2016, 13 entraîneurs de chevaux de course étaient installés dans l'Aisne. La filière hippique comptait près de 3400 chevaux et un millier de salariés. Un secteur aujourd'hui terriblement fragile pour Vincent Collard. Pour garder la tête hors de l'eau, l'entraîneur a été obligé de se séparer de certaines de ses bêtes : "J'ai vendu quelques chevaux et on essaie de tenir en attendant. Je ne sais pas comment on va s'en sortir. On n'a reçu aucune aide. L'Etat nous a incités à faire des emprunts. Je n'ai pas voulu y souscrire parce qu'à mon âge, je n'ai plus envie de faire des emprunts. Reste à espérer que quand les courses vont revenir, les chevaux vont se remettre à gagner. Parce que c'est notre seule source de revenus. On n'a pas eu de PMU pendant trois mois. On ne pourra pas le rattraper. En ce qui me concerne, il y a largement urgence que les courses reprennent. Je n'ai jamais été dans une situation financière comme celle actuellement. Et encore : moi, mes emprunts sont finis d'être payés. Mais il y a des jeunes qui viennent de s'installer et qui ont de gros emprunts sur le dos. Pour eux, ça va être très dur."

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