Réduire le nombre de commerces fermés, c'est souvent un enjeu pour les municipalités. Dans l'Aisne, Laon a décidé de taxer les propriétaires de locaux commerciaux vacants. Ils verront leur taxe foncière augmenter fortement s'ils ne prennent pas des mesures pour remettre leur bien sur le marché.
Dans la cité médiévale de Laon, les commerces fermés ne manquent pas. "C'est dommage, déplore cette habitante. C'était une ville qui était vivante, avec des commerçants dynamiques autrefois. Et aujourd'hui, ça se vide, ça se vide et on ne sait pas pourquoi."
Faire bouger les propriétaires
Au rez-de-chaussée de cet immeuble ancien, était installée une agence bancaire, fermée depuis bien avant la crise du Covid. À l'étage, il y avait un établissement de santé mentale qui a déménagé ailleurs dans la ville il y a également plusieurs années. Depuis, la propriétaire du bâtiment n’a pas trouvé de nouveaux locataires ni même d'acheteur. Alors, elle devrait bientôt subir la taxation supplémentaire décidée par la mairie. "Elle a déjà baissé deux fois son prix de vente. Mais je pense qu'elle pourrait encore le baisser, vu le montant des travaux, explique Sylvie Letot-Durande, adjointe au maire de Laon en charge du commerce et de l'artisanat. Aujourd’hui, c'est impossible de trouver un investisseur qui prenne un tel risque financier, d'autant plus avec des montants de travaux aussi élevés. C'est pour ça qu'on a décidé d'assujettir ce local à la taxe sur les locaux commerciaux vacants. Pour pouvoir faire bouger les lignes rapidement. Et partout où la pression fiscale est délibérée, les lignes bougent."
26 propriétaires de local commercial vacants depuis plus de deux ans, comme le prévoit la loi, ont été identifiés. Ils risquent une augmentation de leur taxe foncière pouvant aller jusqu'à 20 % sur 3 ans. Une mesure qui pourrait avoir un effet positif pour Christophe Acloque, buraliste et voisin de plusieurs commerces fermés. "Pour moi, c'est une bonne chose. Pour qu'au moins que les propriétaires revendent leur bien ou réajustent leur loyer pour donner l'envie à des gens de venir s'installer, espère-t-il.
Une mesure à double tranchant
Responsable d’une association de commerçants et experte en immobilier, Bénédicte Pichard se montre plus partagée. "J'ai un client qui se pose la question de savoir si c'est encore rentable d'acquérir et de louer tel quel sur Laon, indique-t-elle. Très honnêtement, si tous les propriétaires partent, ça n'est pas bon. Il faut les aider à trouver des locataires."
Pour la municipalité, il s’agit justement de pousser les intéressés au dialogue et à la recherche de solutions. "On ne va pas rentrer dans un conflit. On n'est pas là pour ça, tient à préciser Sylvie Letot-Durande, adjointe au maire de Laon en charge du commerce et de l'artisanat. Mais il faut absolument mettre fin à ce phénomène de cellules commerciales mortes. Et mettre en place cette taxation, ça nous permet d'avoir un contact réel, de négocier avec les propriétaires et de leur montrer tout l'accompagnement et toutes les subventions qu'ils peuvent avoir de la part de la mairie."
Plusieurs villes de l’Aisne ont déjà adopté une mesure similaire comme Saint Quentin ou Soissons.
Édité par Jennifer Alberts / FTV.