Lutte contre les plantes aquatiques invasives : le faucardage des canaux, une solution à court terme de plus en plus coûteuse

Le myriophylle hétérophylle est cette plante aquatique qui a envahi en quelques années de nombreux canaux. Parmi eux, le canal de Saint-Quentin dans l'Aisne où sa présence pose problème depuis plusieurs années. Deux fois par an, une opération de faucardage est menée pour nettoyer le canal.

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Deux fois par an, le canal Saint-Quentin est le lieu d'un étrange ballet. Sur ses eaux, une embarcation spécialisée mène la bataille contre le myriophylle hétérophylle. À 1,80 mètre de la surface, ses lames tranchent cette plante exotique envahissante qui a tout envahi depuis 2017.

Des zones de nettoyage ciblées

De tapis roulant en tapis roulant, les monceaux de végétation sont ensuite remontés sur le pont du bateau pour être déchargés sur la rive. "Il y a beaucoup d'algues ici. Il y a des endroits, il y en a vraiment beaucoup, constate Mamadou Docko qui manœuvre le bateau faucardeur. Je suis là depuis deux semaines et ça commence à se voir qu'on coupe. Ça n'est pas encore fini, mais ça se voit quand même. On doit faire attention à beaucoup de choses parce qu'on ne voit pas ce qui est dans l'eau. On peut passer sur des branches ou autre chose et abîmer le matériel."

Chacune des deux campagnes annuelles de faucardage dure entre deux et trois semaines. Cette fois-ci, une quinzaine de kilomètres du canal de de Saint-Quentin sont nettoyées. Un nettoyage ciblé précisément par les agents de Voies navigables de France (VNF) en lien avec différents acteurs locaux. "L'idée, c'est de dépenser de la manière la plus utile, explique Olivier Nouhen, responsable canaux de Picardie - Champagne-Ardenne pour VNF. C'est pour ça qu'on priorise les zones de traitement en fonction de leur usage : quand on est dans une zone où la priorité, c'est de repermettre le passage des bateaux, on va traiter le chenal de navigation, c'est-à-dire le centre du canal. Dans d'autres endroits, c'est plutôt pour faciliter la pêche. Donc là, on va traiter les bords. On essaie d'optimiser les endroits qui sont traités et mettre les moyens là où c'est le plus utile et le plus efficace."

Un coût toujours plus élevé

Car la facture n'est pas anodine : 200 000 euros pour les opérations de 2023. C'est trois fois plus que l'année dernière. Pour l'ensemble du réseau VNF, la dépense s'élève à 5 millions d'euros pour cette année, une dépense deux fois plus importante que celle de la campagne précédente de faucardage.

Une intervention nécessaire, surtout sur le canal de Saint-Quentin qui en avait bien besoin. Il fait partie des canaux où la présence du myriophylle hétérophylle est particulièrement importante. Une présence qui, en plus de compliquer le travail quotidien des agents de VNF, abîme les ouvrages tels que les écluses, rend difficile la pêche ou la pratique de l'aviron et nuit à la navigation. Ainsi, en juillet dernier, une dizaine de plaisanciers s'étaient retrouvés bloqués au port de Cambrai à cause du myriophylle.

Impossible pourtant de tout nettoyer. Car malgré ces efforts, le myriophylle repousse inéluctablement en quelques mois. "C'est une solution qui marche très bien pour nettoyer le canal à court terme : une fois que le chantier est terminé, le canal est à nouveau propre à tous ses usages. Mais ça ne peut pas suffire dans le combat que l'on mène contre cette plante, constate Olivier Nouhen. C'est pourquoi VNF dépense beaucoup de temps, d'énergie et d'argent dans la recherche scientifique : on travaille par exemple avec des universités pour mieux connaître cette plante et trouver des solutions plus durables."

En 2021, à Bray-sur-Somme, VNF avait ainsi tenté une expérience inédite, réitérée en début de mois en aval du canal de Saint-Quentin : la dispersion dans l'eau d'un colorant alimentaire bleu pour en réduire la luminosité et par conséquent la photosynthèse de la plante nécessaire à sa croissance.

Avec Rémi Vivenot / FTV

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