Maire de Lehaucourt, dans l'Aisne, depuis plus de 40 ans, Raymond Froment est décédé à l'âge de 77 ans. Décoré de la Légion d'honneur en 2013, l'ancien conseiller général communiste du canton du Catelet avait à coeur de servir les autres.
Maire depuis l'âge de 29 ans, Raymond Froment est décédé ce mercredi 23 octobre 2019. Il avait 77 ans.
À la mairie de Lehaucourt, les drapeaux sont en berne.
"C'est la moindre des choses pour lui rendre hommage, explique Francis Plé, son premier adjoint et ami, on était en train de faire des travaux au foyer pour lui faire le jubilé de ses 43 ans de mandats sans qu'il le sache et ce ne sera pas fait" regrette-t-il.
L'ancien ouvrier couvreur avait annoncé en début de mois qu'il ne se représenterait pas aux prochaines élections. Il n'aura pas pu aller jusqu'au bout de son dernier mandat, victime de ses problèmes de santé.
Son engagement dans la vie politique et ses convictions l'ont souvent amené à s'exprimer devant les caméras de télévision de France 3 Picardie.
Dans l'une de ses premières apparitions datée du 7 septembre 1985, il lance une souscription pour la réfection de l'horloge du clocher de l'église :
Raymond Froment a voué sa vie à la défense de sa commune. Il s'est engagé très tôt au Parti communiste. Il avait succédé à Guy Blériot en qualité de conseiller général où il a siégé pendant douze ans dans l'ex-canton du Catelet.
Décoré de la Légion d'honneur en 2013, l'homme était un "pur Lehaucourtois", se souvient Francis Plé, "Toute sa vie a été faite autour de Lehaucourt. Récemment il disait encore 'La commune, c'est ma vie'. Il était très fatigué et quand on lui a fait comprendre qu'il était temps de passer la main, ça a été pour lui quelque chose de déchirant".
"C'était un homme fatigué par son investissement quotidien" ajoute Michel Collet, conseiller départemental (PS) de l'Aisne.
Un maire bâtisseur
Quand Raymond Froment prend possession de la mairie, le village ne compte que 200 habitants. L'homme fait alors construire des logements locatifs. En quelques années, la commune a triplé sa population et frôle les 900 habitants.
"On a logé nos jeunes qui ne partaient pas à la ville et qui sont ainsi restés chez nous" précise Francis Plé.
Parallèlement, l'élu développe le petit commerce local. La municipalité fait installer dans des locaux dont elle est propriétaire, un médecin, une pharmacie, un salon de coiffure, une boulangerie, une épicerie et deux cafés. Et quand le médecin est parti, il en a fait venir un du nord qui vient maintenant deux jours par semaine sur rendez-vous.
"C'était quelqu'un qui allait à la pêche aux subventions avec acharnement, il savait frapper aux bonnes portes" confie son 1er adjoint. "Les conseillers généraux s'en souviennent avec l'histoire du pont. Ils en riaient".
Le pont de Lehaucourt, c'était devenu le cheval de bataille de Raymond Froment. Depuis des années, en tant que conseiller général, l'homme réclame des travaux au département de l'Aisne pour restaurer le pont. En 2016, le Conseil départemental décide d'en limiter l'usage au grand dam des riverains.
"Il a défendu le dossier jusqu'au bout raconte Michel Collet, conseiller départemental (PS) de l'Aisne, il a été tenace et il a réussi. Le pont de Lehaucourt est tout neuf. C'était un défenseur de la ruralité en général et de sa commune en particulier".
Un homme de convictions
Fervent défenseur de la ruralité, le maire de Lehaucourt a longtemps été à la tête de l'association des maires ruraux de l'Aisne.
"C'était quelqu'un de très proche de ses concitoyens ajoute Monique Sebastijan, adjointe de Raymond Froment. Il était à l'écoute, ouvert et toujours disponible quelque soit l'heure et le jour. Il a réanimé la commune, les habitants lui doivent beaucoup".
Parmi ses actions, la commune lui doit les enfouissements de réseaux, le raccordement au gaz de ville ou encore l'installation du tout-à-l'égoût.
Autre fait marquant de son mandat de conseiller général, Raymond Froment lance une invitation au Président des Etats-Unis Barack Obama à venir se recueillir à ses côtés au cimetière américian de Bony, pour la commémoration du Memorial Day.
Les obsèques de Raymond Froment auront lieu le 28 octobre 2019 à 10 h 30 en l'église de Lehaucourt.
Mardi, l'équipe municipale a rendez-vous à la sous préfecture en vue du remplacement des deux postes vacants, celui d'une conseillère municipale démissionnaire et celui du premier élu.
Sans surprise, le conseil municipal nommera Michel Pinçon, adjoint de Raymond Froment à la prochaine réunion pour prendre le relais à la mairie de Lehaucourt.
Une vie au service de ses concitoyens
- Membre du comité fédéral du Parti communiste français, Raymond Froment était l'ancien suppléant du député Daniel Le Meur.
- D'abord élu au conseil municipal en 1971, il devient maire de Lehaucourt en 1977.
- Le 18 mars 2001, il devient conseiller général du canton du Catelet avec 44,56% des voix au 2nd tour, à l'issue d'une triangulaire.
- En mars 2008, il est réélu au 1er tour avec 50,49% des suffrages exprimés dans un canton longtemps détenu par la droite.
- Il est président de la commission du développement local au Conseil général. Durant la mandature de 2011, il est membre de la 3e commission infrastructures, transports et bâtiments.
- Défenseur des bureaux de poste en zone rurale, Raymond Froment est président de la commission départementale de présence postale territoriale (CDPTT).