La fermeture des frontières à cause du coronavirus a engendré des difficultés pour beaucoup d'étudiants Erasmus. Margaux, originaire de l'Aisne, a pu rentrer en France, mais en laissant son appartement et ses affaires à Séville. Aujourd'hui, impossible pour elle de repartir en Espagne.
"On a pris la décision très vite, le samedi avant la fermeture des frontières, il fallait qu'on rentre en France." Ce samedi 14 mars, Margaux Dhuicque, étudiante en Erasmus à Séville, prend la route avec son compagnon direction Saint-Pierre-Aigle dans l'Aisne d'où elle est originaire, laissant tout sur place. "On n'a pas pris grand chose, on s'était dit : ça va durer deux semaines et on pourra rentrer."
Malheureusement, depuis ce jour, Margaux n'a pas pu retourner en Espagne et ne sait absolument pas quand elle pourra enfin rendre son appartement. "On continue de payer notre loyer de 700 euros, ce n'est pas rien, déplore la jeune femme, et j'ai encore toutes mes affaires là-bas, des vêtements, des livres, de la vaisselle..."
"On me dit que je ne suis pas résidente espagnole"
Depuis le 16 mars, l’entrée sur le territoire espagnol par la frontière terrestre est désormais limitée "aux citoyens espagnols, aux personnes résidant en Espagne, aux travailleurs transfrontaliers et aux personnes pouvant prouver un cas de force majeure ou une situation d’impérieuse nécessité", ce qui n'est pas le cas de Margaux."Depuis un mois, j'ai contacté les consulats français à Madrid et Barcelone, mais aussi des consulats espagnols, j'ai même appelé la police aux frontières, indique-t-elle, et cela n'a rien donné, je ne suis pas considérée comme résidente espagnole et ce malgré mon contrat de location, parce que ce n'est pas ma résidence principale."
"Je suis quoi alors ? poursuit-elle, une touriste ? Si c'est le cas je n'imagine même pas si je dois attendre jusqu'en octobre pour retourner à Séville." L'hypothèse d'une fermeture des frontières jusqu'à cet automne a été effectivement évoquée par plusieurs médias espagnols.
L'une de ses amies n'a pas pu rentrer
"Il est inadmissible qu’aucune mesure ne soit mise en place par le gouvernement pour nous les Erasmus. Il y a des tonnes de campagnes qui circulent en incitant les étudiants à aller étudier à l’étranger et aujourd’hui, face à cette crise, nous sommes laissés pour compte", s'indigne-t-elle.Si Margaux a pu rentrer chez elle, ce n'est pas le cas d'une de ses amies originaire du sud de la France, également étudiante en Erasmus. "Elle a essayé de prendre sept vols pour pouvoir rentrer, sans succès, elle a donc passé deux mois toute seule."
Pour l'étudiante de 21 ans, sa seule certitude aujourd'hui c'est de ne pas avoir perdu son année. En 3e année de licence d'espagnol à l'Université de Reims, elle continue de suivre les cours de l'Université de Séville en visio-conférence. "Si tout va bien, je pense valider ma licence, mais je suis frustrée de ne pas avoir pu profiter de l'année entière, si je repars là-bas pour uniquement récupérer mes affaires j'aurais forcément un peu mal au cœur."