La cour d'assises de l'Essonne a condamné vendredi 4 juin en appel deux anciens skinheads à huit et cinq ans d'emprisonnement pour la mort de Clément Méric. Ce dernier, un militant antifasciste, avait été tué lors d'une rixe à Paris en 2013.
Les peines sont moins lourdes qu'en première instance. Ce vendredi 4 juin, après cinq heures de délibération, l'ancien skinhead originaire de l'Aisne Esteban Morillo a été condamné à huit ans de prison en appel par la cour d'assises de l'Essonne. En 2018, il avait écopé de onze années d'emprisonnement. Également présent lors de la rixe, Samuel Dufour, le deuxième accusé, a été condamné, lui, à cinq ans en appel contre sept en première instance.
"La vérité a été redite ce soir", a déclaré à la sortie du tribunal Me Cosima Ouhioun, représentant la famille Méric depuis le procès en première instance. "Clément Méric a été victime d'une agression par des bras armés par des poings américains, mais aussi par une idéologie violente qui a été un poison tant pour les accusés que pour les victimes", a-t-elle poursuivi.
La légitime défense plaidée
Le 5 juin 2013, une rixe éclate entre militants d'extrême gauche et d'extrême droite, en marge d'une vente privée de vêtements à Paris. Clément Méric, un militant antifasciste de18 ans, s'écroule sur le bitume rue Caumartin après avoir été frappé au visage.
Dès le premier procès, Esteban Morillo, 28 ans, avait reconnu avoir porté les coups mortels. En appel, il a plaidé la légitime défense, se disant "désolé" de la mort "horrible" de Clément Méric mais assurant s'être défendu d'un "guet-apens" orchestré par les militants antifascistes. Les assises de l'Essonne ont rejeté à la majorité absolue cette question de la légitime défense.
La question de l'usage d'un poing américain a également été longuement été débattue, Samuel Dufour et Esteban Morillo niant formellement tout au long du procès y avoir eu recours. La cour les a pourtant reconnus coupables d'avoir porté une arme prohibée.
"C'est une peine moins lourde (...) mais c'est une décision très amère pour la défense" car "difficile à comprendre sur le plan de la vérité", a réagi Me Jérôme Triomphe, l'avocat d'Esteban Morillo. "Les passions politiques d'en face, la pression médiatique et surtout la pression idéologique de ceux qui s'étaient déjà attaqués à eux, ont été trop fortes", a-t-il estimé auprès de l'AFP. La décision deviendra définitive à défaut d'un pourvoi en cassation des accusés.