Pour piéger les frelons asiatiques, 13 000 bouchons spéciaux distribués aux chasseurs de l'Aisne

La Fédération des chasseurs de l'Aisne vient de lancer la distribution de 13 000 bouchons spéciaux destinés à confectionner des pièges contre le frelon asiatique. Elle entend profiter de son large réseau dans le département pour limiter la prolifération de cette espèce.

L'information est transmise depuis ce jeudi 30 mars aux chasseurs de l'Aisne. Dans les prochains jours, ils sont invités à venir retirer dans les mairies du département des bouchons spéciaux mis à disposition par leur fédération. 13 000 petits objets en plastique jaune de type "tap trap" qui doivent leur permettre de confectionner des pièges contre le frelon asiatique. Ils seront disponibles jusqu'au 1er juin. "Vendredi, les agents les ont récupérés. Ensuite, les chasseurs pourront venir les chercher à partir de la fin de semaine ou du début de semaine prochaine", indique Nicolas Voyard, responsable de la communication de la Fédération des chasseurs de l'Aisne.

Un engagement de 10 000 euros

Chaque bouchon est accompagné d'une notice explicative permettant de fabriquer un piège efficace. Il s'installe sur une bouteille en plastique dans laquelle on aura aussi placé un mélange précis d'1,5 cm de bière brune, d'1,5 cm de sirop de fruits rouges et de 3 cm de vin blanc sec (impératif pour éviter de piéger également les abeilles). Chaque bouchon coûte environ 1 euro ce qui porte tout de même la facture à 10 000 euros pour la fédération.

L'opération vise à tenter de limiter la prolifération du frelon asiatique dans le département. Celle-ci s'est vraiment intensifiée dans l'Aisne l'an passé et pose désormais différents problèmes. Les sapeurs-pompiers ont ainsi réalisé 1614 interventions pour des frelons en 2022 et cela représente désormais 4,4 % du total, soit 800 % de plus qu'en 2019.

"Les chasseurs peuvent être confrontés à cela. On a une fréquentation des cabanes de chasse, des observatoires, des miradors", explique Nicolas Voyard qui en a lui-même fait la douloureuse expérience il y a deux ans. Surpris par un nid de frelons asiatiques alors qu'il se promenait avec ses enfants, il avait été piqué par 3 fois.

Utiliser la force d'un important maillage

L'idée de la Fédération des chasseurs de l'Aisne est d'utiliser son important maillage humain du territoire pour disposer des pièges un peu partout. Pour son président, Bruno Demazure, cette démarche doit profiter à toute la collectivité. "Au sein de la fédération, nous nous sommes dits qu'avec 12 000 adhérents, il était intéressant d'essayer d'enrayer ça. C'est la bonne période jusqu'au 1er mai pour attraper les reines".

L'opération est organisée en lien avec les maires dans une logique de collaboration. "Cela montre que la chasse est présente au milieu de la ruralité. On propose déjà des services aux mairies", estime Bruno Demazure, citant la lutte contre les dépôts d'ordures, les collisions avec les animaux ou des nuisances occasionnées par des pigeons ou des lapins. 

La démarche trouve son origine dans un échange entre les chasseurs et les apiculteurs de l'Association sanitaire apicole départementale de l'Aisne. Pour Bruno Feistel, référent frelon départemental au sein de l'association : "on les a conseillés sur le type de piège. C'est très pratique, ce n'est pas cher et cela permet d'avoir un maillage plus efficace que si c'est dispersé".

Capturer les reines

Pour l'apiculteur, l'opération arrive au bon moment et c'est tout son intérêt. "Cela permet de capturer les reines fondatrices qui sortent d'hibernation. Plus on en capture, moins on aura de nids. On a des hivers de plus en plus doux, les reines ne sont pas tuées par le gel. Jusque fin mai, on arrive à les capturer. Les reines vont construire un nid primaire de la grosseur d'un pamplemousse, puis elles vont faire un nid secondaire, le plus souvent à la cime des arbres ou dans un bâtiment, très bien caché", explique le référent qui rappelle qu'un nid peut générer "jusqu'à 500 reines" et détériorer "6 à 11 kg d'insectes". Selon l'apiculteur, l'an passé "30 % des ruches ont été détruites par le frelon dans le département, voire plus".

L'impact de cette initiative, la première du genre, doit être ensuite évalué. "On va faire un bilan au 1er juin avec nos agents et recontacter les mairies pour utiliser le solde de bouchons. Le but, c'est que 100 % des pièges soient installés", précise Nicolas Voyard de la Fédération des chasseurs de l'Aisne. Pour son président, Franck Demazure, l'initiative devrait faire rapidement école ailleurs : "C'est un galop d'essai, mais l'an prochain cela aura une dimension régionale", promet le responsable.