Les avocats de Saint-Quentin annonce la mise en vente de leur palais de justice sur un site de petites annonces. Avec cette vente aux enchères fictive, prévue lundi 12 mars, les professionnels du monde judiciaire dénoncent la réforme de la justice annoncée par le gouvernement.
« Belle situation au cœur de la ville, rénovation récente ». L’annonce publiée sur Le Bon Coin pourrait faire référence à un appartement Saint-Quentinois. Mais c’est bel et bien le palais de justice de la ville qui est mis en vente.
Avec cette petite annonce, l’ordre des avocats du barreau de Saint-Quentin espère attirer les habitants de la commune à la vente aux enchères du TGI. Lundi 12 mars, avocats, magistrats, fonctionnaires et élus se réuniront en fin de matinée dans la salle d’audience du tribunal pour procéder à la vente des locaux. Mise à prix : 5 euros.
« Avec cette vente aux enchères fictive, nous espérons frapper les esprits en restant dignes, explique Aude Gilbert-Carlier, membre de l’ordre des avocats de Saint-Quentin. Cet événement très symbolique nous permettra d'interpeller les citoyens et manifester contre le projet de réforme de la carte judiciaire ».
Depuis la remise du rapport « Raimbourg Houillon » à la garde des sceaux, les professionnels du monde judiciaire sont inquiets. Ce dernier préconise notamment une nouvelle organisation territoriale de la justice calquée sur l’organisation administrative. L’une des hypothèses évoquée serait la mise en place d’une seule cour d’appel par région et d’un tribunal par département.
La ruralité sacrifiée
« Si cette piste est mise en place, cela voudrait dire que les autres TGI de l’Aisne seraient vidés de leur substance. Si ce tribunal départemental est mis en place dans la capitale administrative de Laon, le tribunal de Saint-Quentin ne gèrerait plus que les petites affaires. Et la ville risquerait d’en souffrir » prédit l’avocate.
Si l’Etat n’a pour l’instant annoncé aucune fermeture de tribunal, les avocats sont déjà sur le pied de guerre. « Imaginez si le tribunal de Saint-Quentin ferme, les justiciables seront obligés de faire des kilomètres pour faire juger leurs affaires, ajoute Aude Gilbert-Carlier. Les greffiers devront aussi déménager et les commerçants du centre-ville perdront de nombreux clients potentiels. Encore une fois, on sacrifie la ruralité ».
Les élus de Saint-Quentin et des communes voisines ont d’ores et déjà annoncé leur soutien aux professionnels du monde judiciaire.