Cet hiver, les routes de l'Aisne sont moins déneigées que les années précédentes. Par une décision prise en octobre, le Département entend réduire ses dépenses liées au salage, et ainsi s'adapter aux hivers plus doux et réduire les dommages environnementaux du sel dans les sols.
Dans l'Aisne les routes - et l'addition - seront moins salées cet hiver. En octobre 2024, le Département a décidé de revoir l'organisation de sa viabilité hivernale, à savoir l'entretien de ses routes en cas de chute de neige. Le dispositif, resté le même depuis quinze hivers, se révélait trop coûteux et inadapté.
"On se doit, en tant que gestionnaire, de s'adapter au contexte économique et environnemental", résume Mathieu Fraise, vice-président du conseil départemental, en charge des équipements départementaux et Infrastructures.
Moins de véhicules et de priorité
Désireux de réaliser des économies, le Département s'est débarrassé de neuf des 50 déneigeuses dont elles disposaient jusqu'à maintenant, et notamment toutes celles qui appartenaient à des sous-traitants privés. "Notre souhait, c'était de tout internaliser et de ne faire appel qu'à nos 234 agents," explique l'élu axonais.
En ne faisant plus appel à ces trois véhicules privés, le Département estime à 100 000 euros ses économies sur l'hiver, hors coût des opérations de déneigement, que le prestataire facture en plus de l'astreinte. "En se séparant de neuf véhicules en tout, on n'aura plus à réaliser les dépenses liées à leur entretien ou l'essence," signale Mathieu Fraise.
Depuis 2010, les routes de l'Aisne étaient divisées en trois familles d'importance décroissante.
- les voies supportant plus de 5 000 véhicules par jour (2 396 km en tout)
- les voies supportant plus de 2 000 véhicules par jour (2 338 km)
- les voies de moindre importance (779 km)
Il était alors primordial de sécuriser d'abord les premiers axes en mobilisant les 50 déneigeuses. Puis une fois cette opération réalisée, les véhicules partaient pour le deuxième circuit, puis enfin les axes de moindre importance.
La priorité a été dégradée depuis octobre 2024 : les agents du Département ne doivent plus sécuriser "que" 2 131 km de voirie prioritaire et 2 048 de routes secondaires. 555 kilomètres supplémentaires échouent donc dans les routes non-prioritaires, qui représentent maintenant 1334 km.
Plus écologique
Cette dégradation se fait-elle au détriment de la sécurité ? "On s'adapte plutôt au contexte actuel, répond Mathieu Fraise. Aujourd'hui, les multiples canaux d'information font que les usagers de la route sont rapidement au courant des futures intempéries et prennent leurs dispositions."
Depuis la pandémie, beaucoup se sont équipés chez eux pour télétravailler et ainsi ne plus prendre la route. Les gens acceptent davantage qu'on prenne plus de temps pour dessaler.
Mathieu Fraisevice-président du conseil départemental de l'Aisne
Comme moins de personnes circulent les jours de neige, répandre du sel devient presque obsolète. "Le « retour au noir » d'une route n'est possible que grâce à l'action mécanique des passages de véhicules : le sel se brasse à la neige, ce qui lui permet de fondre rapidement. S'il n'y a pas de passage, le sel seul ne sert à rien."
L'élu ajoute que la réforme de sa viabilité hivernale rejoint les engagements écologiques du Département. L'emploi systématique du sel pour retirer la neige nuit gravement à la faune et la flore locale, puisqu'il s'imprègne dans les sols, et faire circuler moins de véhicules permet de rejeter moins de gaz à effet de serre.