La gendarmerie de l’Aisne s’engage dans la lutte contre les violences conjugales. Mercredi 27 novembre à Vervins, une première zone de rencontre neutre a vu le jour devant les locaux de la brigade. Objectif : faciliter l’échange d’enfants entre couples séparés et éviter les situations de conflit.
Dispositif inédit contre les violences conjugales. La gendarmerie de Vervins (Aisne) a inauguré, mercredi 27 novembre, une "zone de rencontre neutre" devant son établissement. "C’est un espace de libre accès pour les parents séparés afin de remettre les enfants en garde alternée", explique le lieutenant-colonel Sébastien Letellier, de la gendarmerie de l'Aisne, en charge du projet.
Une date de lancement pas choisi au hasard. Jusqu'au samedi 30 novembre 2024, c'est la semaine de prévention contre les violences intrafamiliales. L’idée est de "pouvoir organiser la rencontre dans un lieu sécurisé, au calme. Car c'est toujours un moment de tension".
Le principe est donc simple : deux places de parking ont été installées. Les personnes concernées s’y retrouvent, mais sont scrutées. En plus de la caméra de vidéosurveillance, un bouton d’alerte a été mis en place à l’entrée de la brigade en cas de conflits.
Prévenir les violences
En France, en 2023, 271 000 victimes de violences commises par leur partenaire (ou ex-partenaire) ont rapporté des faits auprès des services de sécurité. Une augmentation de 10 % par rapport à 2022. L’Aisne n’est pas épargnée et "est même l’un des territoires les plus touchés".
Pour preuve, dans le département, les forces de l'ordre interviennent une fois tous les 4 h 30 concernant des violences intrafamiliales. "C’est sur ce constat que nous avons eu l'idée", ajoute Sébastien Lettellier, officier adjoint au commandement et prévention.
C'est une méthode dissuasive et préventive.
Lieutenant colonel Sébastien Letellier
"On veut lutter contre les ex-conjoints qui peuvent être violents chez eux, qui peuvent découvrir la nouvelle adresse de l'autre. C'est une méthode dissuasive et préventive. C'est une première dans l'Aisne".
Une initiative encouragée par les associations de défense des victimes de violence :
Ces dernières exigeaient justement plus d'accompagnement aux autorités. "Il y avait une forte demande de leur part sur le territoire, donc forcément, elles accueillent ça avec enthousiasme".
Côté justice, "les juges pourront s'en saisir pour instruire la garde alternée. Les parents seront dans l'obligation dans certains cas problématiques de venir à cet endroit".
Un dispositif déjà présent dans l'Oise
Pour le moment, peu d’espaces neutres existent en France selon le lieutenant Letellier. C’est lui qui a vu les premières zones voir le jour en Charente-Maritime. Dans l’Aisne, c’est une première. En Picardie, une deuxième. Car cela ces zones existent déjà à Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise, depuis l’an passé.
"Tout à l’heure, j’ai vu un père de famille qui attendait sur la place de parking, je me dis que ça fonctionne", affirme Arnaud Dumontier, maire (LR) de la commune. "On a eu pas mal de retours aussi sur les réseaux sociaux, les gens étaient et restent ravis".
D’autres zones de rencontre neutre seront mises en place dans l’Aisne les prochains mois. Pour l'instant, rien n'est acté. Les discussions sont en cours avec certaines communes, précise la gendarmerie du département.