La gendarmerie de Pont-Sainte-Maxence se dote d'une "zone de rencontre neutre" pour l'échange sécurisé d'enfants entre ex-conjoints

À Pont-Sainte-Maxence (Oise), une "zone de rencontre neutre" a été créée devant les locaux de la gendarmerie. Elle permet de faciliter l'échange d'enfants entre couples séparés ou en passe de l'être sous le regard des caméras de surveillance. Le but : éviter les situations de conflit et de violence.

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Devant la gendarmerie de Pont-Sainte-Maxence, deux nouvelles places de parking ont été installées. Cet espace est appelé "zone neutre" et permet aux parents séparés de pouvoir se rencontrer en toute sécurité dans le cadre d'une garde partagée d'enfant.

En plus des nombreuses caméras de surveillance, un bouton d'alerte a été installé. Cette expérimentation unique dans la région des Hauts-de-France est mise en place depuis bientôt deux semaines. 

Hausse des violences intrafamiliales les vendredi et dimanche soirs

Ce projet est né de deux constats. Le premier, c'est que les dimanche et vendredi soirs, la gendarmerie constate une hausse du nombre d'interventions "d'ordre social" et de violences intrafamiliales.

"Donc on a réfléchi à cette problématique-là, quelles sont les causes de ces violences intrafamiliales ?", explique Benjamin Coumel, lieutenant gendarmerie de Pont-Sainte-Maxence. Ils se sont rendus compte qu'elles se produisaient "au domicile d'ex-conjoints lors du passage d'enfants et, suite à de grosses tensions dans le couple, il y a eu des violences commises", observe-t-il. 

Le second constat : quand un ex-conjoint va directement récupérer ses enfants devant une école, "plusieurs agressions, plusieurs rixes et plusieurs actes de violence devant les écoles de la commune" se sont produits.

Ils veulent également éviter de transmettre les enfants depuis le nouveau lieu où l'ex-conjointe pourrait vivre, "et donc de communiquer sa nouvelle adresse à son ex-conjoint qui a été violent". 

Une autre "hypothèse de travail" est qu'en allant chercher ses enfants dans son ancien logement, l'ex-conjoint pense "qu'il a une possibilité de reconquérir son ex-conjointe". Ainsi, "sous prétexte de récupérer des affaires", il va "essayer de renouer une relation qui n'est pas désirée par l'ex-conjointe", analyse Benjamin Coumel. 

"Il n'y a pas de dépense superflue quand il s'agit de protéger l'intégrité des personnes"

L'investissement de 10 500 euros a été porté par la commune de Pont-Sainte-Maxence. Le maire (LR) de la commune, Arnaud Dumontier, a jugé "que cette initiative de la gendarmerie nationale était une bonne initiative qui visait à apaiser les relations, notamment entre un homme et une femme."

En effet, parfois, "ils se déchirent et ça s'intègre également à la politique que nous menons en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes", poursuit-il. La sécurité des femmes est une "vraie cause" que la commune porte depuis 2015, notamment avec la création d'un foyer pour le femmes victimes de violence. 

"C’est devenu une grande cause nationale, c’est un axe de priorité pour la gendarmerie nationale donc il n’y a pas de dépense superflue quand il s’agit de protéger l’intégrité des personnes", indique Arnaud Dumontier. 

"Ça peut représenter un caractère impressionnant, si ce n'est angoissant" pour l'enfant

Pour Maître Delphine Le Gac, avocate au barreau de Senlis, spécialisée droit de la famille, ce dispositif présente "un avantage évident puisqu'il va éviter certains écueils lors du passage à bras quand les relations parentales sont extrêmement conflictuelles". Cela peut être le cas de menaces et de violences "dont les enfants peuvent être témoins". 

Néanmoins, l'avocate pense aussi à la perception que les enfants, "surtout très jeunes", peuvent se faire de la situation. Dans leur esprit, ils ne seront autorisés de voir leur autre parent "qu'en se déplaçant devant une gendarmerie. Sauf que dans l'esprit de l'enfant, le gendarme va représenter l'autorité et celui qui va intervenir dès qu'il y a un problème", analyse-t-elle. 

Ça rassure beaucoup de parents qui se trouvent parfois démunis lors des passages à bras et surtout, s'il y a déjà des antécédents d'un contexte violent.

Maître Delphine Le Gac, avocate au barreau de Senlis spécialisée droit de la famille

Elle imagine alors qu'à minima, "ça peut représenter un caractère impressionnant, si ce n'est angoissant" pour un enfant. Car si ce dispositif "vise à rassurer les parents, on ne peut pas exclure que la symbolique du lieu de la gendarmerie lors du passage à bras ne rende pas finalement la visite de l'enfant auprès de son papa ou de sa maman plus ou moins sereine". 

La symbolique du lieu ne va pas "favoriser forcément l'échange parental de manière sereine" mais Maître Delphine Le Gac estime que "si on en arrive à se déplacer à la gendarmerie avec son enfant pour un passage à bras, c'est parce que les médiations antérieures, s'il y en a eu, ont échoué".

Ces médiations n'ont aussi probablement pas pu "se mettre en place parce que le conflit est encore trop présent", conclut-elle. 

Avec Haron Tanzit / FTV

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