Seconde Guerre mondiale : 80e anniversaire du crash de l’avion qui changea le destin de Pierre Brossolette, "acteur majeur de la résistance"

Ce dimanche 10 décembre 2023, un hommage a été rendu au cimetière britannique de La Ville-aux-bois-lès-Pontavert, dans l'Aisne, pour le 80e anniversaire du crash d’un avion britannique qui transférait les résistants. L’appareil devait ramener en Angleterre Pierre Brossolette, un acteur important dans l’organisation de la résistance.

Un hommage, organisé par l'association Préservation de l'hisoire du Bureau des Opéations Aériennes, a été rendu ce dimanche 10 décembre, aux résistants et au pilote d'un avion ayant subi un crash, il y a 80 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale. Les trois sont enterrés au cimetière britannique de La Ville-aux-bois-lès-Pontavert.

Parti de Tangmere en Angleterre, le 10 décembre 1943, pour se poser dans l’Aisne, près de Clermont-les-Fermes, avec un autre appareil, l’avion de l’armée britannique devait permettre à Pierre Brossolette, ce compagnon de la Libération, jouant un rôle important dans l’organisation de la résistance et reposant au Panthéon, de rejoindre l’Angleterre et le général de Gaulle. "Il avait déjà effectué deux passages comme ça" entre les deux pays, indique l'historien Guy Marival. 

Un avion servant de liaison entre la France et l'Angleterre pour les résistants

"C'était une opération double, puisqu'il y avait deux avions pour emporter plusieurs personnes au retour". L’un d'eux transportait depuis l’Angleterre deux résistants se rendant en France. Le premier était Claudius Four, ancien combattant de la Première Guerre mondiale. "Il était chargé de toutes les opérations aériennes dans toute la zone parisienne", raconte l'historien.

Le deuxième passager était Emile Cossonneau sous le nom de "Moreau", député communiste de la Seine-et-Oise en 1936. Il a été déchu de son mandat en 1939 et est devenu prisonnier à Alger, car il n'avait pas condamné officiellement le pacte germano-soviétique. Libéré après l'avancée des alliés en Afrique du Nord, il a été libéré en février 1943. C'est après qu'il a rejoint le conseil de la résistance en octobre 1943.

Jimmy Bathgate était le pilote de l’avion transportant les deux passagers. Il n’est jamais arrivé au point de rendez-vous dans l’Aisne. À 24 ans, le Néo-zélandais avait pourtant acquis une expérience dans ce type d’opération à haut risque. Il avait notamment embarqué quelques mois plus tôt, Gaston Defferre, le futur député-maire de Marseille.

Durant la Seconde Guerre mondiale, ces vols de nuit effectuaient des liaisons permettant de transférer les résistants entre l’Angleterre et la France. Ils se faisaient entre 2400 et 2700 mètres d’altitude afin d’éviter les tirs de la DCA allemande, la défense anti-aérienne. Un message codé était envoyé pour annoncer l'arrivée de l'avion.

Aujourd'hui, on ne sait pas où il s'est crashé.

Guy Marival, historien

Mais cette nuit du 10 décembre 1943, "le temps était mauvais, les avions tournaient sans vraiment arriver à repérer le terrain", raconte Guy Marival. Mac Bride, le pilote du second avion, a décidé de faire demi-tour."Le deuxième a persisté ou peut-être a été accroché par 'la chasse de nuit', des équipages de chasseurs allemands", narre l'historien. "Aujourd'hui, on ne sait pas où il s'est crashé. Habituellement, on dit qu'il a été abattu par la Flak, la DCA allemande. Mais on n'en est pas sûr."

Chose certaine, quelques jours plus tard, les trois hommes ont été enterrés par les Allemands dans le cimetière britannique de la Musette, en bordure de la route nationale 44. Un lieu de sépulture où sont rassemblés les soldats tombés durant l’offensive allemande du 27 mai 1918, sur le chemin des Dames. 

Un crash marquant un tournant dans le parcours de Pierre Brossolette

Ce crash signifiait la fin de l’opération "Stern" , mais aussi un tournant dans le parcours de Pierre Brossolette. Il devait donc trouver une solution pour rejoindre Londres, "après une suite de rendez-vous manqués. Il a joué de malchance plusieurs fois", précise Guy Marival.

C’est ainsi qu’il a tenté de rejoindre l’Angleterre, via la voie maritime, avec un bateau breton de Loctudy. Parti le 2 février 1944, l’embarcation s'est vue dans l’obligation de faire demi-tour vers Plogoff, à cause du temps et d’une avarie. "On l'a arrêté sans savoir que c'était Pierre Brossolette. Et puis il a été conduit à la Gestapo". À Paris, dans les bureaux de cette dernière, il décide de se jeter par la fenêtre, le 22 mars à 41 ans.

Des énigmes perdurent

80 ans après cet épisode, Guy Marival explique que Claudius Four a été exhumé en 1948, et repose actuellement à Bourg-en-Bresse. Jimmy Bathgate et Emile Cossonneau sont toujours enterrés au cimetière de la Musette. " 'Moreau', personne ne savait que c'était Cossonneau. La ville de Gagny dit toujours sur son site internet qu'il a été abattu à Neuchâtel-en-Bray. Il y a une confusion qui persiste encore aujourd'hui, parce qu'il n'a pas été abattu en Normandie, mais à Ville-aux-bois-lès-Pontavert, dans le canton de Neufchâtel-sur-Aisne."

Guy Marival assure continuer ses recherches pour déterminer le lieu précis du crash de l'avion, mais aussi pour que la plaque de "Moreau" soit complétée et associée plus clairement à Emile Cossonneau. 

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