C'est un scandale dans le monde vinicole. Une ancienne responsable de site accuse son ex-employeur, producteur de champagne marnais, d'avoir fabriqué du faux champagne sur son site de l'Aisne. Selon elle, près de deux millions de bouteilles sont concernées.
"Nous n’utilisons pas du tout la méthode champenoise. Nous n’avons pas l’appellation sur le site de Billy-sur-Aisne donc nous ne disposons d’aucune machine qui nous permet de faire du vrai champagne. Ça n’a pas du tout le goût du champagne, ni les bulles attendues. C’est un vin pétillant bas de gamme", expose Ludivine Jeanmingin, qui accuse son ex-PDG, Didier Chopin, de fabriquer du faux champagne, à partir de vins d’Ardèche ou d’Espagne, dans lequel auraient été ajoutés du CO2 et de la liqueur.
Ce champagne aurait, selon l’ex-employée, été fabriqué sur le site de Billy-sur-Aisne, spécialisé dans les vins pétillants et apéritifs. Après la mise en bouteille, les caisses auraient été envoyées vers le siège à Champlat-et-Boujacourt dans la Marne, où elles auraient été étiquetées sous l’appellation "champagne".
Une version corroborée par un autre employé : "Ce qui m’a surtout mis la puce à l’oreille, c'est le fait d’aller chercher du champagne à Billy-sur-Aisne. Tu ne peux pas produire des vins dans le Soissonnais et les amener dans la région du champagne, sans papiers rien. Il n’y a pas de vignes à Soissons."
Licenciement pour faute grave
Une arnaque, qui concernerait 1,8 million de bouteilles, selon Ludivine Jeanmingin, ancienne responsable de site, à l’origine de l’accusation. Une dénonciation, qui lui a valu un licenciement pour faute grave en 2022. Elle réclame l’obtention du statut de lanceur d’alerte.
De son côté, Didier Chopin conteste fermement les accusations de fraude, bien qu’il reconnaisse des problèmes de qualité dans certaines bouteilles. Il les attribue à des circonstances extérieures. Il déclare dans le journal l’Union : "Il y a eu des bouteilles défectueuses, pas toutes. Le vin a retravaillé et était trouble. Pourquoi ? On n'en sait rien. Peut-être un problème de stockage ou de forte chaleur."
Des analyses sont menées par la répression des fraudes, pour l’ouverture d’une éventuelle enquête par le parquet de Reims.
Avec Madeleine Le Page / FTV