Autorisés en France depuis 1961, les paris sportifs sur les courses de lévriers devraient être interdits courant 2020. À Soissons, les passionnés prennent la nouvelle avec philosophie : le seul cynodrome de Picardie devrait perdurer car les paris ne représentaient que des sommes marginales.
Au cynodrome de Soissons, la réunion de ce ce dimanche 13 octobre était uniquement sportive. Ici, on ne prend plus de paris sur ces courses de lévriers, comme il en sera probablement le cas d'ici quelques mois. En effet, le gouvernement a décidé de retirer, par un décret qui devrait être appliqué dans le courant 2020, l'agrément pour le pari mutuel sur les courses de whippet remis à la Société française de courses de lévriers (SFCL).
"Nous, à Soissons, ça ne nous gêne pas énormément parce qu'on n'a plus beaucoup de public et on était déficitaires quasiment à chaque réunion, confie Jacky Follet, président de la société de courses de lévriers de Soissons. Les paris ocillent régulièrement entre 700 et 1 000 euros maximum, alors qu'il y a dix ans, on tournait plutôt à 3 000 ou 4 000 euros par réunion".
Le plaisir plutôt que l'appât du gain
Depuis 1983, le cynodrome de Soissons voyaient les parieurs miser sur leur favoris plusieurs par an. Ici, les gains n'ont jamais excédé quelques dizaines d'euros car les courses de whippet n'ont jamais été une affaire d'argent. "Personne ne jouait des grosses sommes. Certains jouaient deux euros pour en empocher cinq. Non, c'était vraiment pour s'amuser et ça a toujours été comme ça en France. Il n'y a pas eu de dérive comme en Angleterre ou aux Pays-Bas où on a vu des chiens martyrisés," note Danielle Thivat, éleveuse de lévriers whippet à Brindas, près de Lyon.En 2018, l'État n'a percu que 2 400 euros de taxes sur les dix cynodromes francais, à savoir ceux de Soissons, Toulouse et Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Maulévrier (Maine-et-Loire), Montauban (Tarn-et-Garonne), Liverdy-en-Brie (Seine-et-Marne) et Châtillon-la-Palud (Ain).
Des sociétés davantage pénalisées
Si dans l'Aisne la désaffection des parieurs est notable, les autres sociétés sont plus penalisées par la fin des paris. Notamment celle d'Anjou, explique sa présidente Fabienne Beaucheron. "On a environ 400 personnes qui viennent seulement pour jouer au pari mutuel chez nous à Maulévrier, affirme-t-elle. Ça nous pose problème car il n'y aura plus de spectacle. On fera toujours des courses, mais elles se tiendront sans doute qu'en présence des propriétaires : les spectateurs ne viendront pas s'ils ne peuvent pas parier."Pari ou pas, les lévriers continueront à courir toujours aussi vite (parfois jusqu'à 70 km/h !). Les sociétés de courses doivent desormais se presser pour modifier leurs statuts et devenir de simples clubs sportifs.