Un cimetière d'urgence de 37 fosses et d'une centaine d'individus découvert sur le chantier de fouilles archéologiques à Soissons

En mai 2022, des fouilles archéologiques ont débuté dans le quartier Saint-Crépin, à Soissons. Un an et demi après, le service archéologique du département de l'Aisne partage ses nouvelles découvertes.

37 fosses et les ossements d'une centaine d'individus ont été découverts lors de fouilles archéologiques qui ont débuté en mai 2022 à Soissons. "Ce sont quasiment systématiquement des hommes et plutôt jeunes, moins de 25 ans, raconte Nadège Robin, archéologue anthropologue. On a aussi dans le cimetière quelques femmes, une dizaine. Elles ont été systématiquement inhumées individuellement en coffrage clouté."

Là on est vraiment sur un phénomène de sépultures d’urgence : des plus grandes fosses, avec plusieurs individus qui ont été inhumés simultanément. Cela veut dire qu’il y a eu plusieurs morts, à peu près dans les mêmes temps. 

Nadège Robin

Archéologue anthropologue

Deux hypothèses

Autour des ossements, des archéologues observent et consignent les moindres détails : arthrose sur les vertèbres, cassures...

Grâce aux études réalisées depuis plusieurs mois, deux hypothèses se dégagent, selon Nadège Robin : "Soit ce sont des individus qui sont morts pendant un conflit, mais on n’en a pas les traces sur les ossements, on ne voit pas beaucoup de traumatismes violents. Soit ce sont des individus qui ont été victimes d’une épidémie."

On pourrait penser plutôt au typhus qui a atteint dans un premier temps les garnisons. On sait qu’il y a eu une épidémie de ce type au 17ᵉ siècle.

Nadège Robin

Archéologue anthropologue

Le cimetière daterait donc du 16ᵉ ou 17ᵉ siècle. Les dépouilles vont bientôt être envoyées au laboratoire. Leurs dents seront analysées pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Des vestiges d'une villa gallo-romaine

Lors du diagnostic, réalisé l'an dernier, un autre chantier a été identifié 80 centimètres de terre au-dessous du cimetière : une maison romaine, appelée "domus". Elle daterait du 1ᵉʳ siècle après JC.

Une surprise pour Anthony Lefebvre, responsable de chantier, spécialité antiquité : "On pensait que la zone avait été détruite par les fortifications du 19ᵉ siècle. La surprise, c'est que le fossé du bastion qui est censé se trouver ici, a été construit plus loin. Par conséquent, le site a été conservé."

Un quartier riche à l'époque du Haut Empire

Plusieurs vestiges ont aussi été retrouvés : des coquilles d'huîtres ou des enduits peints de plusieurs décors et couleurs. Ces éléments permettent de déduire qu'il s'agissait d'habitants assez aisés : "Certains pigments proviennent d'Orient. Cela fait une provenance d'assez loin pour l'époque, il fallait avoir un peu d'argent pour pouvoir faire venir ces éléments et décorer sa maison."

Pour ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur ces témoins de l'histoire romaine, le chantier sera ouvert au public pour les journées du patrimoine.

Une fois les fouilles terminées, le projet de construction de logements sociaux, initialement prévu sur ce terrain, pourra alors reprendre.

Avec Mélissa Genevois / FTV

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