Une capsule temporelle enfouie pour 100 ans sous le parvis de la basilique de Saint-Quentin, l'aboutissement d'un vaste projet culturel

Si sa forme n'est pas encore totalement définie, son contenu est déjà connu. Dans un an, une capsule renfermant des dizaines de témoignages sera enterrée sous le parvis de la basilique pour être exhumée dans 100 ans. Ces récits ont été recueillis durant plusieurs mois par des artistes auprès d'habitants du Saint-Quentinois.

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"Techniquement, on a tout ce qu'il faut, on sait comment on doit faire. Ce doit être esthétique et personnalisé. Nous ferons une proposition d'ici mai et dès que le terrain est disponible, on enterre", explique JL Mast, l'un des artistes du projet de capsule temporelle mené dans le Saint-Quentinois.

Actuellement, la réflexion se poursuit sur la forme que va prendre cet objet qui doit trouver place dans un an environ sous le parvis de la basilique de Saint-Quentin, actuellement en travaux.

Un précieux contenu

Il faut dire que celui-ci devra résister aux affres du temps pour préserver durant 100 ans son précieux contenu : des dizaines de témoignages de Saint-Quentinois recueillis ces derniers mois. Son emplacement sera matérialisé afin de permettre à nos successeurs de le retrouver. "Nous avons l'idée d'une plaque faite à Saint-Quentin en chaudronnerie", confie JL Mast, mais tout cela reste encore à préciser. Il s'agira aussi de supports numériques. "En fait, différents supports dont on imagine qu'ils seront toujours adaptés", précise Brigitte Nabat, coordinatrice du contrat culture-ruralité à la Ville de Saint-Quentin.

L'idée de capsule temporelle n'est en fait que l'aboutissement d'un vaste projet culturel mené depuis juin dernier dans 10 communes de l'agglomération du Saint-Quentinois. Ce travail, dont la restitution s'est tenue mi-janvier, a été mené par trois artistes mandatés, notamment par la DRAC et la communauté d'agglomération.

Durant quatre mois, ils ont rencontré pas moins de 5 647 personnes, chiffres précis donné par la collectivité. Des publics très différents : des jeunes placés auprès de la Protection judiciaire de la jeunesse, du centre Epide, des enfants de maternelle, de collège, des personnes malvoyantes. "La priorité a été donnée à des personnes fragilisées. C'est une démarche artistique. L'objectif était de faire entrer la culture dans des lieux où elle n'est pas", explique Brigitte Nabat. "Olivier Cariat, conteur et comédien, a travaillé avec nous sur ce projet. C'était du sur-mesure à chaque intervention. Il est venu en disant : qu'est-ce que je peux vous apporter ?"

"Il y a eu de l'imprévu"

Les artistes ont donc œuvré à faciliter l'expression, à recueillir la parole, de ces habitants. À la manœuvre, JL Mast, Saint-Quentinois d'origine et figure de la BD, notamment Marvel. Il raconte cette aventure collective. "L'idée était de solliciter des structures. Nous ne venions pas avec un projet précis. À Gauchy, ils avaient par exemple une thématique sur les héros du quotidien. On trouvait des moyens de rejoindre leur pédagogie. Il y a eu de l'imprévu, on a fait en fonction des envies et des idées qui naissaient. Je ne suis jamais fermé si l'idée est bonne. On ne sait jamais à quoi s'attendre. Je proposais de raconter des souvenirs existants. On a eu parfois des témoignages bouleversants. Les gens ont témoigné parfois de choses anciennes. On a eu notamment celui d'un des derniers résistants du secteur".

Des témoignages consultables sur Internet

L'artiste a ensuite travaillé sur la matière recueillie. Par exemple, "les gens ont dessiné un souvenir dans un cube en papier. Je l'ai transformé en réalité virtuelle et on peut ainsi se retrouver dans le dessin". Tout ce travail compilé est rendu consultable par tout un chacun sur un site internet éphémère. Il sera ouvert durant un an seulement. "Cela crée une urgence. Il contiendra entre 420 et 450 dessins début 2024", détaille JL Mast. "Tout s'arrête dans un an, c'est la démarche".

Dessin n°2 : Sylvain Van Heeswyck - Aubigny-Aux-Kaisnes

Dessin n°3 : Ambre Laroche - Montescourt-Lizerolles

Ensuite ? "Tout ce qui a été fait va être enfermé et sera enterré sous le parvis de la basilique" dans la fameuse capsule. Il faudra alors attendre 100 ans pour pouvoir redécouvrir cet ouvrage collectif et voir ce qu'il évoquera à nos successeurs. Dans la lignée de cette action culturelle, un nouveau projet doit voir le jour dans le Saint-Quentinois à compter du mois de mars autour du breakdance, une des nouvelles disciplines des Jeux olympiques de 2024.

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