À Tergnier, dans l'Aisne, la municipalité impose un permis de louer dans certains quartiers. Le but : éviter la location de logements indécents ou insalubres. L'expérience se montre efficace bien qu'elle se trouve confrontée à certaines limites.
Il y a trois ans, cette maison était une ruine. Pas d'eau courante ni de chauffage : il a fallu plus d'un an de travaux pour la remettre aux normes afin de la mettre en location. À Tergnier, ces travaux ne sont pas seulement un choix, mais une obligation depuis 2020. Pour louer dans certaines zones, un logement doit décrocher le permis de louer. Une initiative qui impose aux propriétaires de garantir un habitat décent.
"La priorité, c'est l'isolation, tout ce qui est installations électriques, la sécurité des biens et des personnes et la ventilation. C'est une priorité parce que l'air vicié et l'humidité qui sont dans les logements font que les logements sont insalubres", explique Fortunato Bianchini, adjoint au maire en charge du patrimoine, de l'habitat et de l'accessibilité. "C'était du bon sens. On ne veut plus sur Tergnier de logements indécents ou de passoires thermiques", ajoute-t-il.
Un permis qui n'est pas nécessaire partout
En revanche, pas question pour la municipalité d'exiger ce permis sur l'ensemble de la commune. "On ne veut pas que Tergnier soit une ville de permis de louer. Il y a des secteurs de permis de louer et d'autres réglementations qui permettent de mettre les logements dans la réglementation sanitaire et thermique."
Depuis 2020, 538 logements étaient soumis au permis de louer. À l'époque, 50 % des logements se voyaient refuser le permis. Aujourd'hui, ce ne sont plus que 20 % d'entre eux qui sont retoqués à la première visite. "Il y a beaucoup moins de logements indécents qui sont mis sur le marché. D'ailleurs, certains ne sont même plus remis en location puisqu'il y a de gros travaux à faire pour pouvoir vivre dignement dedans", se réjouit Aurélien Gall, conseiller départemental du canton de Tergnier et 1ᵉʳ adjoint au maire.
Difficile de l'élargir davantage
Face aux résultats positifs, la ville a élargi le dispositif au 1ᵉʳ janvier 2025 à une cinquantaine de rues, soit 802 logements situés dans des quartiers prioritaires. Une avancée que la municipalité aimerait appliquer plus largement.
"Il y a, à mon avis, les deux limites du permis de louer. La première, c'est que légalement, il ne puisse pas être étendu à l'ensemble de la ville. La seconde, c'est que les bailleurs sociaux ne sont pas contraints par ce permis de louer et il y aurait des choses à redire là-dessus", détaille l'élu.
Ce nouveau propriétaire ne s'attendait pas à devoir faire tous ces travaux quand il a acheté : "ce qui était le plus difficile, c'était la toiture. C'est ce qui a pris le plus de temps et financièrement, c'est ce qui coûte beaucoup dans l'aspect travaux. C'est le plus gros chantier. On pensait que c'était 50 000 € de matériel et on s'est retrouvé à presque 80 000 €". Malgré un investissement financier conséquent, il approuve la mesure :"Je comprends parce qu'aujourd'hui, je n'aurais pas vécu dans ces maisons. Elles étaient insalubres".
Les propriétaires qui ne respectent pas cette obligation risquent des amendes allant jusqu'à 5 000 € et même 15 000 € s'ils louent malgré un refus d'autorisation.
Avec Camille Di Crescenzo / FTV