Apiculture : une "baisse significative" des stocks de miel à cause du froid printanier dans le Nord et le Pas-de-Calais

Plusieurs apiculteurs constatent une baisse significative des stocks de miel, mais la crise sanitaire a peu de choses à voir là-dedans. Ce sont les températures très basses du printemps écoulé qui sont à blâmer. 

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"Ce n'est pas la crise sanitaire qui a eu une influence sur la production et la santé des abeilles", lance Hélène Fiers, présidente de l'ADA (Fédération du réseau de développement apicole) Hauts-de-France. Le Covid n'aura pas eu les apiculteurs, mais le printemps qui vient de s'écouler, oui. 

"Certains disaient que les abeilles se portaient mieux durant le premier confinement parce que l'activité humaine avait ralenti, note Hervé Stien, représentant du syndicat Apicole de la Vallée de l'Ecaillon. Mais la pollution par les pesticides agricoles n'a pas ralenti, il n'y avait pas vraiment de changement." De plus, les apiculteurs, qu'ils soient amateurs comme lui ou professionnels comme Hélène Fiers, avaient une dérogation pour continuer de travailler.

La seule conséquence du Covid, plutôt positive, est le changement d'habitude des consommateurs, qui préfèrent acheter le miel auprès de "leur commerce ou apiculteur local", selon Didier Demarcq, président du syndicat Apicole de Lille. 

Une fin d'hiver très douce rattrapée par un printemps froid

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, la fin d'hiver a été très douce, les abeilles et les colonies ont pu se développer au début du printemps. "Mais très vite, le printemps est devenu très froid, il y a eu beaucoup de gelées, détaille Hélène Fiers. Les températures étaient basses, une partie des fleurs ont été endommagées". Le temps a donc rendu difficile la récolte de miel. 

Constat similaire pour Didier Demarcq. "On a eu un mois d'avril très froid, on a battu des records, les colonies ne sont pas développées comme elles auraient dû, analyse-t-il. Le mois de mai n'était pas fou non plus, c'était pluvieux et pas très chaud. Il manquait 5 degrés pour permettre aux abeilles de s'épanouir."

Le mois de mai n'était pas fou non plus, c'était pluvieux et pas très chaud. Il manquait 5 degrés pour permettre aux abeilles de s'épanouir.

Didier Demarcq

Les années se suivent mais les conditions météos ne se ressemblent pas. Durant le printemps 2020, la situation climatique était favorable. "On a fait de grosses miellées dès le mois d'avril, mais d'un autre côté, on avait subi la sécheresse pendant l'été.

Des colonies mortes de faim

Pour permettre aux abeilles de travailler correctement, le temps est essentiel. Avec la période de froid que le Nord et le Pas-de-Calais (mais aussi dans le reste de la France) ont traversé, la situation s'est compliquée. "Quand les ruches redémarrent, le couvain, c'est-à-dire les larves, les oeufs protégés par les ouvrières, a besoin d'une température de 30 à 35 degrés, explique Hervé Stien. Avec le froid, elles avaient une dépense énergétique supplémentaire et consommaient beaucoup de miel de ruche la nuit. Un grand nombre de ruches n'ont pas pu faire la soudure et sont mortes de faim au mois d'avril-mai." 

Un grand nombre de ruches n'ont pas pu faire la soudure et sont mortes de faim au mois d'avril-mai.

Hervé Stien

Le temps "favorable du mois de février" a fait croire aux abeilles que l'été était arrivé. Beaucoup d'entre elles ont redémarré les ruches et se sont retrouvées, quelques temps après, face à une baisse de température qui leur laissait très peu de marges de manoeuvre. Les stocks de miel constitués par les colonies "ont été écoulés pour protéger le couvain".

De l'autre côté, Didier Demarcq souligne aussi "la baisse de pontes qui en résulte, car à cause du froid, la ponte est moins fréquente. Les abeilles gèrent leur développement, se ménagent et sont économes."  

Une baisse "significative" du miel de printemps  

Quand on lui demande quelles sont les perspectives des prochains mois pour le milieu apicole, Hélène Fiers préfère ne pas "trop" s'avancer. "Cela peut changer, on n'est pas à l'abri d'un changement de température." Il reste tout de même "de grosses réserves sur la miellée d'Acacia" et l'espoir perdure pour "la miellée de tilleul, très chargées en boutons floraux, même s'ils n'ont pas encore éclot. Mais il y a eu de l'eau. A cette heure, les conditions sont bonnes pour les tilleuls."

Des propos corroborés par Didier Demarcq, qui remarque que les colonies "commencent à travailler, la saison est avancée". Il constate également que "les Acacias fleurissent, il y a aussi la miellée dans le Nord sur les tilleuls qui arrive généralement autour du 15 juin jusqu'au 15 juillet." Les longues journées d'été permettent également aux abeilles de "travailler plus longtemps, la chaleur aussi.

On a eu une baisse significative du miel de printemps contrairement à l'année dernière, on est en deça d'une année normale

Hélène Fiers

Mais cela suffira-t-il à combler une saison marquée par les intempéries ? Les trois apiculteurs n'y croient pas. "On a eu une baisse significative du miel de printemps contrairement à l'année dernière, on est en deça d'une année normale", confirme Hélène Fiers. Heureusement, depuis une dizaine de jours "on a eu du temps meilleur, une partie des ruches ont pu profiter de la fin de la miellée de printemps, même si la période est plus courte pour elle que d'habitude", se réjouit Hervé Stien. 

Une hausse des prix n'est pas envisagée

Les consommateurs, quant à eux, n'ont pas de soucis à se faire sur le prix. Qui dit baisse de la production de miel ne dit pas forcément hausse des prix. "En ce qui concerne le miel en vrac, ça fonctionne avec du stock et on a eu une belle année l'an dernier. Est-ce que ça va avoir une incidence sur le prix ? Je ne sais pas, c'est trop tôt pour le dire". Concernant le miel au détail, "sa hausse est progressive depuis des années, je ne pense pas que cette année, on verra une augmentation."

De plus, la saison n'est pas terminée. "Il y aura peut-être beaucoup de miel d'été qui se fera, on ne sait pas dire aujourd'hui", conclut la présidente de l'ADA Hauts-de-France. 

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