Ascoval Saint-Saulve : la reprise par Altifort va être annulée

Altifort, repreneur désigné en décembre par le tribunal de commerce, n'a pas réussi à réunir les 35 millions d'euros qu'il avait promis. La vente devrait être annulée.

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Douche froide pour 281 salariés qui travaillent chez Ascoval à Saint-Saulve. Après des mois de mobilisation pour obtenir la reprise de l'usine Vallourec par Altifort, nouveau retournement de situation: le repreneur n'aurait pas les fonds suffisants. 
 
Altifort s'était engagé à apporter 35 millions d'euros lors de l'acquisition (dont 10 millions en fonds propres et 25 millions via un emprunt obligataire). Mais l'argent n'aurait toujours pas été versé selon Le Figaro. "Aujourd'hui, Altifort n'a ni les 10 millions de fonds propres, ni les 25 millions d'euros de fonds obligataires. Comment ont-ils pu nous dire qu'ils les avaient et ne plus les avoir aujourd'hui ? Je ne m'explique pas leur attitude", a expliqué à Reuters Me Guilhem Brémond, avocat de l'aciérie.

 

En quoi consistait le plan de reprise ?

La reprise d'Ascoval se décomposait ainsi: 47 millions d'euros de fonds publics "sous forme de prêt" (25 millions de l'Etat, 12 de la région Hauts-de-France et 10 de Valenciennes-Métropole), 35 millions d'apport d'Altifort, 40 millions de crédit-bail pour le financement d'un futur train à fil et 30 millions d'affacturage

Mais Altifort a confirmé qu'il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s'était engagé, ni les dix millions de fonds propres, ni les 25 millions de levée de fonds.
 
Une audience de la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg devrait être organisée la semaine prochaine (27 février ?) pour acter la non réalisation du plan de reprise et constater le maintien de la procédure de liquidation judiciaire. "Faute de fonds, le Tribunal prononcera la résolution de la vente", explique aux Echos Guilhem Bremond. "Nous essayons de voir s'il y a d'autres solutions très rapidement, sinon, ce sera la fermeture".


Un autre repreneur ?


Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, qui s'était mobilisé dans ce dossier affirme croire encore à un retournement de situation : "Altifort n'a pas baissé les bras et espère bien que les fonds seront décaissés", a-t-il déclaré à l'AFP. L'avocat d'Ascoval, tout comme Bercy, sont déjà mobilisés pour tenter de trouver d'autres repreneurs.
 
 
 "Nous avons été informés lundi. Dès mercredi, nous avons reçu les dirigeants d'Ascoval, les élus locaux, les syndicats et Altifort autour du ministre », affirme le ministère de l'Economie. On va continuer à essayer de trouver un repreneur !".
 

Le dégoût chez les salariés

"On est dépités ! On nous avait promis monts et merveilles (...) et au final on aura rien. C'est même plus de la colère, c'est du dépit. Altifort nous l'a fait à l'envers, en réalité il n'y a rien, rien de concret", a lâché devant l'usine Vincent, 51 ans, agent de maintenance. "Je ne sais pas ce qu'on va devenir maintenant", a-t-il ajouté.

Stanislas, 60 ans, se sent lui "trahi": "On nous a planté un couteau dans le dos, on aura jamais le temps de trouver un autre repreneur..."

"Reprendre une usine et couler au bout de trois semaines c'est impensable", s'insurge aussi David, 43 ans. "Altifort, c'est un beau parleur il a réussi à endormir son monde".
 
"J'aimerais comprendre comment un dossier appuyé par trois cabinets d'experts différents à pu valider un plan avec des fonds non présents", s'est interrogé auprès de l'AFP Bruno Kopczynski, porte-parole de la coordination syndicale et élu CFDT.


 

"Altifort a trompé tout le monde"

À présent en tout cas, la reprise risque d'être difficile. "On a tout a fait conscience que c'est très difficile" indique une source à Bercy. "Même les dix millions de fonds propres, ils ne sont pas en mesure de les donner (...) On a pris acte de cela. En l'espèce, Altifort a trompé tout le monde"

"La décision que nous avons prise avec tous les salariés, c'est de travailler à une nouvelle reprise en démarchant tous les industriels qui peuvent être intéressés", a ajouté cette source. "Nous referons un point en début de semaine prochaine dans le même format, avec les salariés, les députés, le président de la région Xavier Bertrand pour voir où nous en sommes".

 

Vers des "solution alternatives" ?

Altifort a reconnu dans l'après-midi ne pas avoir obtenu "les financements externes" nécessaires à la reprise de l'aciérie d'Ascoval, et affirmant rechercher "toutes les solutions alternatives" d'ici l'audience au Tribunal de grande instance de Strasbourg.

"Altifort a demandé en début de semaine par écrit la résolution du plan de cession d'Ascoval", validé en décembre par la justice, "et ce afin de protéger les salariés d'Ascoval et du groupe", a indiqué Altifort dans un communiqué où il admet que "les financements externes n'ont pas pu être mis en place à ce jour".
 
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