Les employés d'une crèche fréquentée par la petite Mandolina ont témoigné lundi à charge contre sa mère, qui a confessé l'avoir jetée dans une rivière de Lille où elle s'est noyée, au troisième jour de son procès aux assises du Nord, à Douai.
"Jamais une enfant nous a autant bouleversés, elle avait toujours faim, je n'ai jamais vu une enfant aussi triste", a raconté une auxiliaire de puériculture de la crèche de Fourmies, où la fillette de 3 ans à peine était gardée trois fois par semaine.
"La crasse était incrustée dans sa peau, elle était noire, on lavait souvent la petite et ses vêtements", a-t-elle ajouté, visiblement émue. Selon elle, la mère était "jalouse", elle ne "voulait pas qu'on aime sa fille, qu'on s'attache à son enfant". "Tu ne me prendras pas ma fille", aurait-elle même dit à la directrice de la crèche.
"Maman tape, maman griffe"
Sept personnes de l'établissement se sont relayées à la barre, les larmes aux yeux. Toutes ont évoqué des violences qu'Estelle Derieux aurait exercées sur sa fille, notamment des griffures sur le visage. "Mandolina nous disait +maman tape, maman griffe+", a indiqué la directrice.Une autre employée de la crèche souligne que Mandolina avait "toujours faim", qu'elle montrait les placards "pour avoir de la nourriture". Selon elle, Estelle Derieux, qui appelait sa fille "Grande", refusait que Mandolina prenne un goûter à la crèche pour qu'elle ne s'habitue pas, n'ayant pas les moyens de lui en offrir un.
L'accusée muette et tête baissée
En outre, tous ont évoqué la réticence d'Estelle Derieux à laisser sa fille à la crèche le matin. "Vous n'aimez pas que votre fille soit heureuse avec quelqu'un d'autre que vous", lui a lancé son avocat, Me Vincent Demory. L'avocat général, Luc Frémiot, interpelle alors Estelle Derieux: "On a l'impression que ça ne vous concerne pas, cette petite fille. Vous l'aimez cette petite ou quoi? Vous avez une drôle de façon d'aimer, Madame."La mère de 34 ans, qui porte un pull en laine rouge et un jean reste muette, debout dans son box, tête baissée. Elle comparaît depuis jeudi pour le meurtre avec préméditation de sa fille de deux ans et 11 mois, qu'elle avait avoué avoir glissé dans un sac plastique, puis jetée à la rivière Deûle en août 2013 à Lille.