Le groupe Auchan s'est donné pour priorités les commerces de proximité et les marques uniques par pays étranger, avec un coût.
Le groupe français Auchan Holding, en pleine mutation, a creusé sa perte au premier semestre 2018 (-151 millions d'euros) en raison de charges opérationnelles particulièrement élevées dans la distribution, a-t-il annoncé vendredi.
"Les résultats d'Auchan Holding sont significativement 'impactés' par les coûts de la transformation en cours", a souligné son président du directoire Régis Degelcke, cité dans le communiqué du groupe, qui a mené une vaste réorganisation en 2015-2016.
Une transformation mondiale
Dans la distribution, Auchan a en particulier engagé une refonte de ses formats en se concentrant sur les enseignes de proximité et décidé de mettre en place une marque unique par pays (un mouvement qui doit se clore fin 2019), ce qui occasionne d'importants frais, tout comme l'effort engagé sur le numérique.
"Ces plans de transformation sont absolument nécessaires" même s'ils ont "un coût assez lourd", soit 87 millions d'euros de plus pour l'ensemble du groupe que l'an dernier sur ce semestre, "ce qui pèse sur notre performance", a expliqué Xavier de Mézerac, secrétaire général du groupe, lors d'une conférence téléphonique.
Perte de 151 millions d'euros
Au 30 juin 2018, Auchan Holding, qui se partage désormais entre trois métiers, l'immobilier (Ceetrus, ex-Immochan), la banque (Oney) et la distribution (Auchan Retail), accuse ainsi une perte nette de 151 millions d'euros, contre une perte de 7 millions d'euros au premier semestre 2017.
L'an dernier, le résultat avait intégré "une plus-value exceptionnelle" générée par la cession de l'enseigne de décoration Alinéa, précise le communiqué.
L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'établit à 888 millions d'euros, en baisse de 17% sur un an, pour un taux de marge de 3,5%, qui inclut un effet de change négatif de 34 millions d'euros.
Quant au résultat d'exploitation courant (ROC), indicateur très suivi dans le secteur de la distribution, il s'élève à 145 millions d'euros, contre 326 millions d'euros au 30 juin 2017, en raison notamment "des coûts de transformation d'Auchan Retail", précise le communiqué.
Sur le seul secteur distribution justement, Auchan Retail connaît des "résultats en net recul en France, en Russie et en Italie", où ont été mis en place des "plans d'action particulièrement volontaristes", souligne la société, qui évoque des "difficultés persistantes" dans ces trois pays.
Les résultats sont difficiles, c'est un fait
Ainsi, son chiffre d'affaires au premier semestre est stable à taux de change constant mais en baisse de 3,2% à taux de change courant, à 25,1 milliards d'euros.
"Les résultats sont difficiles, c'est un fait", a souligné le directeur général d'Auchan Retail Wilhelm Hubner lors de la conférence téléphonique.
Priorité à la proximité
Néanmoins, "nous avons réussi à stabiliser notre chiffre au global, nous suivons le calendrier prévu (qui se poursuit jusqu'en 2025, NDLR), le cap est bon", a-t-il ajouté, précisant que l'entreprise vivait actuellement une "transformation comme jamais (elle) n'avait connue dans son histoire".
Ainsi, sur les 250 points de vente ouverts sur ce semestre dans le monde, 94% sont le fait de formats de proximité, voire d'ultra-proximité, qui est désormais "la priorité" selon M. Hubner.
Plusieurs alliances
Fin juin, Auchan a noué avec Casino, Schiever et Metro - et depuis jeudi Dia - un ensemble d'alliances aux achats, qui sera opérationnel en octobre, sitôt l'aval de l'Autorité de la concurrence donné.
Ceetrus, qui a été choisi en juillet pour le vaste chantier de la gare du Nord à Paris, un projet de 600 millions d'euros, affiche pour sa part une croissance de ses revenus de 5,7% à 345 millions d'euros.
Quant à Oney, qui a annoncé à étudier "la possibilité de nouer des partenariats stratégiques, commerciaux et capitalistiques", son résultat net est en progression de 17,3% à 30,5 millions d'euros.