Emmanuel Macron a annoncé, mercredi 31 mars, la fermeture des écoles et le retour aux cours en distanciel jusqu'au 3 mai. Une professeure d'un collège REP+ de Boulogne-sur-mer a fait part de son soulagement. Mais craint que les inégalités entre les élèves s'accroient.
Lundi, Julie Josse était abbatue. Plus d'énergie. Lorsqu'elle s'est levée, elle s'est même demandée si elle allait réussir à faire cours jusqu'à la fin de la journée à ses élèves du collège Paul-Langevin, un établissement REP+ (réseau d'éducation prioritaire +) dans le quartier populaire du Chemin Vert, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Alors, cette professeure d'espagnol de 29 ans a accueilli avec "soulagement" les annonces du président de la République, Emmanuel Macron, ce mercredi 31 mars : la fermeture des écoles, collèges et lycées pendant au moins quatre semaines. "Enfin des mesures sensées ! Ils ont enfin entendu que le personnel enseignant était en danger, témoigne t-elle. Je ne me sentais pas en sécurité d'aller au boulot. La mesure n’est pas idéale et optimale pour l’enseignement des élèves, mais était nécessaire."
Au collège Paul-Langevin, l'ambiance était devenue de plus en plus pesante depuis la fin des dernières vacances scolaires, le 8 mars. "Dès la semaine de reprise, il y avait une lassitude générale, confie Julie. Trois semaines étaient passées, on avait l'impression d'en avoir fait 7 !" Le nombre de cas a explosé. "Depuis deux semaines, il y a eu une accélération des cas, relate la prof d'espagnol. Et les fameux tests salivaires n'ont jamais été mis en place dans notre école."
Un de ses élèves l'a informé qu'il était cas contact, mais selon ses dires, "il avait la flemme de se faire tester". Un cas loin d'être isolé et une pression constante pour élèves, professeurs et personnels administratifs qui rendaient inévitable la fermeture des établissements.
20 élèves assidus sur 130
Le scénario se répète. Plus d'un an après le premier confinement en France, les élèves vont de nouveau assister à des cours en distanciel, depuis leur domicile."Ca va être plus facile que l'an dernier, commente Mme Josse. On est plus rodés. Dès mardi, ça va bien se passer."
Le Président de la République a annoncé ce mercredi 31 mars des mesures pour les écoles, collèges et lycées : enseignement à distance et adaptation du calendrier scolaire.
— Ministère Éducation nationale, Jeunesse et Sports (@education_gouv) April 1, 2021
Dans cette situation exceptionnelle, notre service public de l'éducation nationale est un immense atout. pic.twitter.com/bAnQSr7zfH
Elle craint malgré tout que les écarts entre les élèves soient "exacerbés" et que les inégalités se creusent. "Des élèves nous ont dit : « On se prend un mois de vacances. » Certains vont s'accrocher et se rendre compte que les cours leur manquent. Mais on va en perdre certains jusqu'au bout. Ceux qui étaient décrocheurs, absents ne vont pas se connecter miraculeusement sur Zoom." Si certains élèves manquent d'un matériel suffisant et suivront, au mieux, les cours sur leur téléphone portable, d'autres ne sont tout simplement pas motivés. "Il y a une grosse part de paresse. Quand tu dors en cours en présentiel, comment te connecter à 9 heures sur Zoom ? C'est logique."
Sur les 130 élèves qu'elle avait en 2020, en cinquième, quatrième et troisième, seulement 30 s'étaient connectés au moins une fois et 20 "suivaient le cours de manière assidue". L'autre avantage de ces cours à distance ? Pouvoir voir le visage de ses élèves. "Je ne connais pas leur tête, leur sourire. En visio, on pourra découvrir nos visages." Important pour l'apprentissage d'une langue.
"Que pouvait-il arriver d'autre ?"
Ludivine Debacq ne voulait pas employer le mot "soulagement" après les annonces du président. Mais "Résignation, colère et gâchis." Cette CPE du collège Jean-Mermoz, à Faches-Thumesnil, près de Lille, militante du Snes - FSU, regrette que les propositions "pour freiner la circulation du virus", comme les demi-jauges, n'aient pas été entendues par le gouvernement, qui a, selon elle, manqué d'anticipation. Comme Julie Josse, elle parle de "déni" de la part des ministres. "Quand le protocole n'est pas renforcé alors qu'on a une flambée de cas, que pouvait-il arriver d'autre ? On va replacer les élèves en distanciel, on n'est pas plus prêts qu'il y a un an ! Il y a toujours une fracture numérique."
La militante s'inquiète également que le protocole de retour n'ait pas encore été précisé. "On nous annonce un pic épidémique dans 10 jours si tout va bien. On sera déjà à trois semaines de la reprise !"
Quel gâchis, quel échec. https://t.co/e0SquZRoth@SNESFSU
— SNES FSU Lille (@snesdelille) April 1, 2021
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Elle espère également que les modalités pour les examens vont être rapidement annoncées. "Les enseignants, les élèves et les familles sont dans l'angoisse. Des examens ont lieu début mai, les épreuves anticipées du bac vont arriver vite. On a besoin d'un calendrier."
Les cours vont reprendre, dans les collèges et lycées, mardi jusqu'à vendredi, où tous les élèves de France vont partir en vacances. Avant de reprendre le 26 avril en distanciel pour une semaine. Au minimum.
France Télévisions soutient la continuité pédagogique avec des contenus pour les élèves, les parents et les enseignants
France Télévisions mobilise ses médias dédiés à la jeunesse et à l'éducation pour accompagner la continuité pédagogique auprès des élèves, des enseignants et des familles pendant la fermeture des établissements scolaires et les vacances unifiées de printemps.
Lumni.fr, le site éducatif de l'audiovisuel public, renforce son offre de contenus pour tous les niveaux et en particulier pour les élèves de 3e et les lycéens, avec une offre pour réviser et préparer les examens du brevet et du bac.
France 4, chaîne jeunesse, bouleverse sa programmation; des cours filmés pour les primaires et les collégiens en journée pour l'école à la maison et des vacances apprenantes lors de la pause de printemps.
Tout le programme : https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/12040450
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