L'avocat du "Gilet jaune" qui a perdu un oeil samedi lors des manifestations à Paris a indiqué vouloir porter plainte dans plusieurs directions.
L'avocat de Manuel T. et sa compagne Séverine, Me Arié Alimi, a dénoncé mardi une "violente agression" des forces de l'ordre lors "d'une nasse illégale ordonnée par le préfet de Paris". Il a annoncé qu'il allait déposer une plainte auprès du doyen des juges d'instruction pour réclamer une requalification criminelle des investigations, pour "violences volontaires avec arme et en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation permanente". Manuel T. , "gilet jaune" valenciennois, a été blessé samedi à Paris par un projectile probablement tiré par
la police. Il a perdu l'usage de l'oeil gauche.
Cette plainte doit être également déposée pour "violation de liberté individuelle". Elle vise nommément le préfet Lallement, l'accusant de complicité pour avoir autorisé l'usage de lanceur de grenade 56 mm.
Ces lanceurs de grenades lacrymogènes, dit Cougar ou Chouka, font partie des armes de maintien de l'ordre contestées depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" qui a fait de nombreux blessés. "Il y a déjà eu assez d'éborgnés qui n'ont rien pu prouver. Là, on a la preuve, on ne peut pas dire qu'il était en train de faire quelque chose qu'il ne fallait pas", a ajouté sa compagne.
"On ne va pas laisser passer ça. (...) On ressent ça comme une grand injustice", avait indiqué Séverine à France 3 Nord Pas-de-Calais. Son compagnon est toujours à l'hôpital Huriez.
Il a également témoigné sur BFM TV : "Je suis sûr que le projectile est parti de là où étaient les policiers", dit-il. "Est-ce que, dans la précipitation, le tir n'a pas été assez en cloche ? Et dans ce cas-là aurait pu s'orienter vers cette personne, au-delà de la foule qui était initialement visée ?", s'interroge Linda Kebbab, déléguée nationale d'un syndicat de police.
Pour l'instant, rien ne permet de dire que ce projectile a été tiré par les forces de l'ordre. Le syndicat des commissaires émet même l'hyopthèse d'un tir de manifestant : «Cette grenade n'est pas forcément tirée par les forces de l'ordre. Si elle est ramassée et qu’elle n’avait pas explosé avant, elle peut aussi être lancée par un individu qui n'est pas dans les forces de l'ordre. […] Elle doit être lancée à terre pour diffuser le gaz quand elle explose, soit avec un fusil COUGAR en tirs obliques, et dans ce cas-là, la grenade doit arriver par-dessus», indique David Le Bars, le patron du syndicat des commissaires.
Lundi, le préfet de police de Paris Didier Lallement avait annoncé qu'il allait saisir l'IGPN, "à la demande du ministre de l'Intérieur", après la diffusion de la vidéo. De son côté, le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour "violence par personne dépositaire de l'autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours" et confié les investigations à l'IGPN.