En Belgique, la présence de caméras sur des panneaux publicitaires censées compter et analyser le nombre de vues suscite un tollé.
Combien de personnes ont vu cette publicité ? Les hommes l'ont-ils davantage regardée que les femmes ? Quel sentiment cela leur procure-t-il ? Autant d'informations qui intéressent grandement les publicitaires et leurs clients. Ces derniers peuvent désormais collecter ces informations grâce à de petites caméras installées sur les panneaux publicitaires. Si les images ne sont pas enregistrées, elles sont analysées en direct par un software spécifique.Ces caméras n'appartiennent pas uniquement au futur. L'entreprise JCDecaux, qui possède une antenne en Belgique, en a fait les frais. "En fait, JCDecaux a racheté l'an dernier une petite entreprise flammande, Dooh-media. Cette entreprise avait déjà installé ce type de caméras sur leurs panneaux publicitaires", explique Veerle Colin, responsable de la communication pour JCDecaux Belgique. Les panneaux en question sont installés dans 25 centres commerciaux belges.
Marche arrière
"Lorsque nous avons récupéré ces panneaux, nous avons fait des tests pour mesurer la fiabilité des caméras. Mais elles ne marchaient pas très bien, surtout face à un groupe de personnes important", poursuit Veerle Colin. La technologie n'était pas encore au point.
Au-delà de l'aspect technique, l'aspect juridique pouvait également poser problème. Comme en France, la législation concernant l'utilisation de caméras de surveillance dans l'espace public est très stricte. Une loi caméras a ainsi été votée par le Parlement belge en 2007, limitant notamment la possibilité de visionner en direct les images filmées.
Ce mercredi, le secrétaire d'Etat Philippe De Backer s'est par ailleurs opposé à cette pratique et a demandé l'ouverture d'une enquête. La Commission vie privée estime en effet que cette pratique enfreint la loi. "On est affreusement proche d'une situation à la Big Brother, ce que je désapprouve complètement", a indiqué le secrétaire d'Etat.
Reclameborden die mensen bespieden zonder hun toestemming? Big Brother komt akelig dichtbij. Kan absoluut niet voor mij #deochtend @radio1be
— Philippe De Backer (@debackerphil) 6 septembre 2017
Face à ces approximations et "comme il s'agit d'un sujet super sensible par rapport à l'opinion publique", la société JCDecaux a décidé le retrait des micro-caméras. "On comprend l'émotion du public, même si rien n'est enregistré", fait savoir Veerle Colin. L'ensemble des caméras devrait être retiré d'ici la fin de l'année.