La polémique enfle, en Belgique, autour du parti "Islam", qui souhaite établir la charia chez nos voisins et présente plusieurs candidats aux prochaines élections communales. Invité sur un plateau de télévision, le chef du parti Redouane Ahrouch a refusé de regarder la journaliste.
Ce parti enflamme les débats des repas de famille et des médias. En Belgique, le tout jeune parti politique Islam a décidé de présenter plusieurs candidats aux élections communales, organisées le 14 octobre prochain. Fondé en 2012, ce petit parti veut en profiter pour s’étendre à Bruxelles et en Wallonie.Redouane Ahrouch, l'un des co-fondateurs du parti, explique depuis plusieurs années qu'Islam "prone l'établissement d'un État islamique en Belgique ainsi que l'instauration de la charia".
Polémique sur un plateau TV
La polémique a été ravivée dimanche dans l'émission "C'est pas tous les jours dimanche", sur RTL, à laquelle était invité Redouane Ahrouch. Alors que le présentateur de l'émission revenait sur le fait que les membres d'Islam refusent de serrer la main aux femmes, sa collègue journaliste a alors fait remarquer que Redouane Ahrouch refusait même de la regarder.
"Me regarder, vous ne pouvez pas non plus ?", a demandé la journaliste Emmanuelle Praet. "Écoutez moi je regarde le présentateur et je vous écoute", a répondu le leader politique, visiblement gêné.
Belgique On croirait un sketch...
— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 23 avril 2018
Campagne électorale en belgique : le candidat musulman refuse de se faire maquiller par une femme, de serrer la main aux autres candidates ainsi que de les regarder dans les yeux pic.twitter.com/xJyQlTgPM4
Un peu plus tôt dans l'émission, le présentateur avait par ailleurs précisé que Redouane Ahrouch avait refusé de se faire maquiller parce que la maquilleuse était une femme. "Pourquoi à ce point-là ?", lui a-t-il demandé. "Pour ne pas être en contradiction avec les valeurs que j'essaye de défendre, pour être en symbiose avec ma foi."
"Je me suis sentie choquée et offusquée par son comportement, c’est terrible à voir et humiliant à vivre. On se sent comme une moins que rien et ce qui fait peur, c’est que je ne pense pas que ce soit un jeu de sa part", a réagi dans La Libre la journaliste Emmanuelle Praet.
Le chef de file du groupe MR (parti de droite en Wallonie), Georges-Louis Bouchez, va plus loin : "Ce qui me choque, c’est qu’il est chauffeur à la Stib (dans le civil, Redouane Ahrouch est conducteur de bus pour la Stib, compagnie de bus à Bruxelles), alors s’il ne regarde pas les femmes qui montent dans le bus, comment une structure publique peut-elle tolérer ça ? Soit c’est un jeu de sa part et il est de mauvais goût, soit il est réellement comme ça et alors il n’a plus sa place à la Stib" conclut-il.
De son côté, le vice-président du parti Islam, Abdelhay Bakkali Tahiri, dit ne pas comprendre la polémique : "Je suis consterné de voir qu’on réduit le débat à une poignée de main ou à un regard. On est dans une démocratie où la liberté d’expression doit être appliquée. Ici, ce qui est regrettable, c’est que le débat de fond est oublié. C’est une provocation de se centrer seulement sur une attitude, on est pas là pour une poignée de main ou pour regarder les gens mais pour débattre avec eux".
Cordon sanitaire
Jusqu'à présent, le parti Islam compte deux élus en Belgique, Redouane Ahrouch et Lhoucine Aït Jeddig, élus à Anderlecht et Molenbeek.
Le parti souhaite notamment mettre fin à la mixité dans certains espaces publics, par exemple dans les transports en commun. "Durant les heures de pointe, certaines personnes, surtout d'origine étrangère, profitent du fait que les véhicules sont pleins à craquer pour se "coller" aux femmes", a expliqué Redouane Ahrouch. "Ce ne sont pas seulement les femmes musulmanes qui se sentent ainsi humiliées. C'est pourquoi je plaide pour les hommes montent à l'avant et les femmes à l'arrière", a-t-il précisé. Il s’oppose également à la parité sur les listes électorales, devenue obligatoire en 2012.
Des propositions polémiques qui ont fait bondir de nombreux représentants politiques belges. Valérie De Bue, la ministre wallonne en charge des Pouvoirs locaux, a ainsi proposé un cordon sanitaire "politique et médiatique" pour contrer ce parti qui ne peut pas être légalement interdit. Le député Philippe Pivin (MR, parti de centre-droite) a quant à lui dénoncé la "menace" que constitue à ses yeux le parti Islam.
"Un parti politique nommé Islam grandit en Belgique. Ils appellent sans complexe à l'introduction de la charia. La charia est en violation avec les droits de l'homme. Les partis pour la charia sont donc antidémocratiques. De vrais loups déguisés en agneaux !", a également affirmé récemment le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA).
Il faut avoir le courage d'interdire un parti comme #Islam qui a un projet théocratique contraire à la démocratie. Pour cela, il faut un fondement juridique. A cette fin,votons ma proposition d'inscrire la laïcité dans la Constitution. A la majorité de prendre enfin attitude.
— Olivier Maingain (@OlivierMaingain) 6 avril 2018
La question de l'interdiction de ce parti a même été évoquée en Belgique. Mais outre les problèmes juridiques, certains relativisent la portée de ce parti :“Certes, les propositions de ce mini-parti sont répréhensibles et idiotes, écrit par un exemple un éditorialiste de Het Nieuwsblad, journal populaire flamand. Mais la question est de savoir si l’interdiction d’un parti est la meilleure façon de lutter contre des idées – si répréhensibles soient-elles.”