Un accord a été trouvé en Belgique pour suspendre la constitution d'un nouveau gouvernement et accorder à la Première ministre Sophie Wilmès des "pouvoirs spéciaux" jusqu'à la fin de l'été, exclusivement consacrés à lutter contre le coronavirus, notamment avec des mesures sanitaires et budgétaires.
Cet accord politique entre "10 partis démocratiques" --excluant le Vlaams Belang (extrême droite flamande) et la gauche radicale du PTB/PVDA-- a été annoncé dans la nuit de dimanche à lundi par les présidents libéraux du Sénat et de la Chambre des représentants, Sabine Laruelle et Patrick Dewael.
Il doit être avalisé lundi par le Roi Philippe et pourrait conduire à un vote de confiance à la Chambre jeudi pour soutenir le principe de ces pouvoirs exceptionnels et limités, a expliqué Sabine Laruelle devant les médias. "D'un gouvernement en affaires courantes on passera bien à un gouvernement de plein exercice", mais "ce sera un gouvernement avec un programme limité", a affirmé Mme Laruelle.
L’équipe gouvernementale en place mesure la grande responsabilité que lui confère l’accord de ce soir. Le sens du devoir nous anime. La volonté de travailler dans l’intérêt de tous les Belges également. Cette grande union est à la hauteur des enjeux du moment. #Coronavirus #Begov
— Sophie Wilmès (@Sophie_Wilmes) March 15, 2020
Urgence
Dans ce pays où le coronavirus se propage rapidement (886 cas officiellement recensés
dimanche, soit plus de 300 supplémentaires en 48 heures), "l'urgence aujourd'hui, c'est veiller à ce que chaque personne touchée sur notre territoire puisse être prise en charge comme il convient", a souligné la présidente du Sénat.
Elle a évoqué des mesures sanitaires, comme le possible achat en urgence de matériel de protection, mais aussi "de relance et de soutien" économique aux entreprises et commerçants frappés par les interdictions d'ouverture.
Les pouvoirs spéciaux avaient déjà été octroyés en 2009 au gouvernement Van Rompuy au moment de la pandémie de grippe H1NI. Ils permettent notamment au gouvernement de rédiger en urgence des arrêtés lui évitant la longue procédure législative, selon les médias belges.
D'après les deux hauts responsables du Parlement, ils seraient cette fois d'abord accordés pour trois mois, mais renouvelables pour une même période "en fonction de l'évolution de la pandémie".
L'idée est de maintenir en fonction les principaux ministres actuels (Santé, Intérieur, Défense, etc), issus d'une coalition minoritaire de trois partis, mais d'obtenir à la Chambre le soutien de "102 ou 103" députés sur un total de 150.
La Belgique vit sans gouvernement de plein exercice depuis décembre 2018, quand les nationalistes flamands de la N-VA avaient fait chuter l'équipe conduite par le libéral francophone Charles Michel en raison d'un désaccord sur la question migratoire.
Les élections du 26 mai 2019 ont encore davantage morcelé le paysage politique (avec une poussée des extrêmes et des écologistes), ce qui a conduit le pays dans une impasse politique, aucun accord ne se dégageant depuis dix mois pour bâtir une coalition gouvernementale.
Sophie Wilmès, première femme nommée à ce poste, a pris fin octobre la tête du gouvernement.