Si la célèbre bière Grimbergen est produite à échelle industrielle par les groupes Heineken et Carlsberg, des séries limitées vont bientôt être conçues par des moines de l'abbaye de Grimbergen en Belgique qui vont rouvrir une micro-brasserie après 200 ans d'arrêt.
L'abbaye de Grimbergen, fondée en 1128 au nord de Bruxelles, avait cessé de brasser en 1795 après sa mise à sac par les troupes révolutionnaires françaises. Son nom est pourtant resté associé au houblon grâce aux Brasseries Maes qui créèrent la bière Grimbergen en 1957, à l'occasion de l'Exposition universelle.
Cette bière a repris l'emblème de l'abbaye (un phénix) et sa devise ("Ardet nec consumitur", ce qui signifie en latin "Elle brûle mais ne se consume pas"), mais il s'agit bien d'une production industrielle assurée par deux géants du secteur brassicole : le groupe néerlandais Heineken qui la brasse en Belgique via Alken-Maes et le groupe danois Carslberg qui la conçoit en France via sa filiale Kronenbourg en Alsace. Le tout représentant 1,5 million d'hectolitres par an.
Mais à partir de 2020, il y aura aussi de la Grimbergen brassée... à l'abbaye de Grimbergen. Les moines ont annoncé la semaine dernière à l'agence Reuters qu'ils allaient construire à partir de l'été prochain une nouvelle micro-brasserie. "Pour nous, il est important de conserver notre héritage, la tradition des pères de brasser de la bière, car elle a toujours été là", a expliqué le père Karel Stautemas, l'un des membres de cette communauté religieuse appartenant à l'Ordre des Prémontrés. "Le brassage et la vie religieuse ont toujours été de pair".
Séries limitées
Ce projet est soutenu financièrement par le groupe Carlsberg. La micro-brasserie de Grimbergen ne produira que 10 000 hectolitres de bière par an, dont 60 hectolitres de séries limitées. "Nous conserverons la même levure, qui apportera tout le fruité et l’amertume, et nous chercherons de nouvelles innovations, telles que le vieillissement en fût et le dry-hopping (le houblonnage à froid NDR)", a détaillé à Reuters Marc-Antoine Sochon, expert-brasseur chez Carlsberg.
Les moines devraient utiliser un houblon local, planté dans leur jardin, et se conformer au cahier des charges de bières trappistes, qui impose notamment de consacrer les profits générés à la préservation de l’abbaye et aux causes caritatives.
Au total, 5 à 6 moines de l'abbaye de Grimbergen, formés à l'Ecole scandinave de Brasserie de Copenhague, devraient participer à cette production.